Magazine

Rebelle est le poème, tâche rouge au paysage III

Publié le 13 mars 2011 par Xavierlaine081

rverbre.jpg 

Nos pas empruntent donc un sentier non balisé, car la liberté n’en connaît aucune. 

Quoi, la parole des poètes n’aurait lieu d’exister que prononcée par de doctes universitaires, reconnus par leurs pairs comme tels ? Quel est ce pays qui nie cette parole libre comme le vent qui vint au monde bien avant la première écriture ? 

Elle était par son rythme facile à mémoriser, à réciter, à enrichir. Elle pouvait s’insinuer partout comme les sables des déserts où elle poussa son premier cri. 

Voici les doctes qui veulent désormais l’enfermer dans leurs prisons de convenances, elle qui sut de tous temps se jouer des barreaux pour s’étendre de cellule en cellule, jusqu’aux oreilles de ceux qui s’étaient compromis pour demeurer dans un feinte liberté, hors des murs. 

La parole poétique sait se dérober aux bruts mâtons, aux gardes zélés des pires camps de l’histoire. Elle jaillit comme une source entre les lèvres de femmes afghanes, franchit les portes maritimes pour nous revenir, inscrite dans le marbre des mémoires survivantes. 

Elle n’est pas cette chose aseptisée dont vous plaidez la cause, et qui reçoit chèque généreux de sombres dictateurs. Elle ne s’achète ni se vend. 

Elle se donne, généreuse, ouvre grand ses hanches ardentes, avance ses lèvres et vous prend par la main pour un voyage en des temps que l’humanité de ce jour tente de nier : celui de la rencontre et du cri. 

Ses mots se dégustent à pleine bouche comme le pain amoureusement cuit. Comme lui, nul ne saurait en définir l’esprit, mais tous la sentent là, frémissante dans leur soif de liberté, d’amour et de partage. 

Elle suit dans la rue toutes les marches de protestation, se pare des vertus pacifiques pour détourner les âmes guerrières de leur chemin d’absurdité. 

Impossible à juguler, nul boisseau ne pouvant en éteindre le chant, elle n’attend pas que quiconque lui ouvre les portes et les vannes pour se répandre. 

Sans doute est-ce la peur d’une épidémie qui convie les officiels à la contenir entre les parenthèses de leur désintérêt. 

Il est plus que temps de sortir le poème de l’ornière. 

A chaque mot d’amour prononcé, à chaque cri sous le fouet des oppressions, à chaque extase devant la beauté des fleurs sauvages, le poème est là, vibrant. Il est tissé de vos vies fracassées ou heureuses, de l’histoire des Hommes en quête d’une humanité à inventer. 

Regardez-le, entendez-le, il est là, devant vous, vous précède d’un pas et se retourne pour être sûr que soyez à le suivre. Refuserez-vous sa main tendue ? 

Manosque, 12 mars 2011

Xavier Lainé 


Retour à La Une de Logo Paperblog