A mon arrivée à gare de Lyon, l’affichage de l’écran m’alerte : 16h50 : un colis suspect
Quelle heure est- il ? Ah 18h22 ! Le trafic est toujours perturbé… Je sors alors mon équipement de survie : livre, carnet et crayon…
18h40 : Le prochain train a été « raccourci », traduisez : on va tous être beaucoup plus serrés ! Raison invoquée : difficulté de gestion du matériel… ça vous étonne ?
Des portes ne s’ouvraient plus, on a supprimé des wagons ? Ou bien la rame prévue est hors service ? J’imagine le conducteur courir jusqu’à une autre voie de garage pour sortir une nouvelle rame. La seule que l’on ait trouvée, ahaa ! Elle est toute petite, dommage…
Oh, à cet instant un sentiment de déjà-vu déferle en moi… Comique de répétition, mais franchement cela vous fait rire vous ? Vraiment nul cet humoriste !
Et si on le zappait ? Rien à faire, même sur ce foutu quai mon esprit s’évade. Et si je vous racontais pour une fois d’autres cieux qui m’inspirent ? Un autre espace, plus grand, plus vivant, plus sensible…
Le silence, la lumière, les couleurs, le regard doux d’un guanaco curieux, la serre d’un jeune condor posé sur un roc aiguisé
Les images se sont imprimées dans mon regard, je n’ai plus qu’à ouvrir l’album ! Je ne vois plus les voyageurs, je n’entends plus la sonnerie, les portes qui claquent ne m’atteignent plus, je ne sens plus l’épaule squelettique de mon voisin, je ne perçois plus l’odeur de parfum crasseux de ma voisine.
Pour combien de temps ? Je ne connais pas encore la durée de l’effet « patagon », mais j’en profite….
C’est vrai, à quoi bon ressasser, qu’est ce qui a changé ? Si ! C’est pire ! J’entre en résistance, je dis NON à ce délire, NON à ce stress.
Aujourd’hui, telle une réaction chimique, mes mots se sont transformés en un précipité de paysages et de sensations que j’aimerais vous faire partager… Si vous possédez un IMachin ou un ITruc, un blackBidule ou un SmartChose, surfez sur internet, cliquez sur Lili-dans-le-métro-qui-pense-à-autre-chose… quelques images pour rêver le temps d’un trajet…
Ce paysage, je ne l’ai pas juste photographié, je suis restée de longues minutes à l’observer, à mémoriser la sensation vivante en moi à cet instant précis face à cette montagne. Cette image réalisée en clic devient alors un véritable déclic à la mémoire. La sensation revient aussitôt…