Le Canada condamne en Libye, ce qu’il soutient ailleurs…

Publié le 16 mars 2011 par Hugo Jolly

Lawrence Canon prévoit participer au Coup d’État en Libye, en parfaite cohérence avec les valeurs qu’il défend depuis qu’il est en poste. En effet, le ministre des affaires étrangères canadiennes a affirmé il y a 24 h, que le Canada pourrait possiblement participer à la restriction aérienne sur la Libye, orchestrée par l’OTAN.

Le valet des affaires étrangères de Stephen Harper, affirmes donc, ni plus ni moins, que le Canada pourrait, faute de n’avoir pu le faire en Irak, participer à l’invasion de la Libye et à son occupation aérienne, voire, à son bombardement.

Mais où était Lawrence Canon et ses hargnes contre les despotes lorsque l’Égypte s’embrasa? Où était-il lorsque les Tunisiens prirent d’assaut les rues de Tunis, repoussant le régime Ben Ali,  poing levé? Les rues, dans les deux cas, étaient bondées à pleine capacité, il y avait des dizaines et des centaines de milliers de manifestants, une lourde différence indéniable avec la clique de Benghazi, écrivant ses promesses de renversement du Colonel Kadhafi, en anglais… En réalité, la complicité de l’État canadien aux despotes Mubarak et Ben Ali devait être une assurance, pour que ceux-là puissent régner tant de décennies sans se faire critiquer par la «communauté internationale», se limitant, elle, à quelques pays choisis d’un cartel hypocrite.

Notons aussi que le vocabulaire utilisé par nos médias conciliants aux crimes de l’OTAN se fait on ne peut plus clair. «Le régime Kadhafi», donc imposé, «attaque» les rebelles, «bombarde les positions de la résistance», etc.., alors que nous savons que ces «rebelles» sont fortement armés. Or, si moi je sors dans ma rue, ou dans le centre-ville de Joliette, avec une mitraillette, avec une pancarte en anglais, je vais soit me faire tabasser par les nationalistes francophones, ou me faire buter par la police, qui arrivera certainement avec ses meilleures unités pour contrer le danger que je pose, armé à ce point. Les médias parleront de moi à titre de forcené, voire de terroriste.

Donc, par conséquent, Kadhafi ne peut pas réprimer, mais la Colombie, elle, peut bombarder les positions des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. Trouvez l’erreur. Lorsqu’Alvaro Uribe butait du syndicaliste, du journaliste et des militants des FARC, Lawrence Canon se fichait éperdument de cette répression, pourtant tout aussi sanglante et beaucoup plus meurtrière d’ailleurs. Bref, la double-mesure suit monsieur Canon de près, comme toujours. Rappelez-vous son manque d’indignation lorsque les Israéliens larguaient du phosphore blanc offensivement sur Gaza, ou qu’ils butaient à leur tour, des civils libanais par centaines (dépassant le millier de morts), tout en détruisant les infrastructures publiques du Liban et de ce qui reste de la Palestine. Rappelez-vous comment réagissait le gouvernement Harper, pro-sioniste, lorsque les forces israéliennes débarquaient sur une embarcation dans les eaux internationales, agissant là, en parfaits pirates selon les lois internationales, et qu’elles y tuaient des gens non-armés, balle dans la nuque. Double-mesure.

Qu’a fait le parti conservateur, en 2003, alors que les rues de Montréal étaient, elles, bondées de manifestants contre la guerre en Irak de George Walker Bush Jr? Nous y étions 300 000, beaucoup plus donc, que les Libyens réunis contre leur despote. Et pourtant, les conservateurs de Stephen Harper prônaient, du banc de l’opposition, l’invasion de l’Irak, allant à contresens des volontés de leur peuple. Quelqu’un aurait-il du nous soutenir et nous armer contre les conservateurs? Le bloc sino-russe aurait-il du financer l’opposition populaire, ou cela aurait-il été interprété, avec raison, comme une ingérence étrangère?

Ce qui est étonnant chez les conservateurs, c’est précisément leur incapacité à se faire cohérents et conséquents. Si demain les États-uniens sortaient dans la rue, armés, et qu’ils revendiquaient le débarras de la maison blanche des pourritures servant les intérêts de la minorité parasitaire bourgeoise, les conservateurs canadiens prôneraient-ils une couverture aérienne pour aider les révoltés? Les armeraient-ils, peut-on se questionner?

Ailleurs, quand les «insurgés» ou les rebelles attaquent les gouvernements fantoches mis en place par les États-Unis d’Amérique, les Français, les Anglais ou bien d’autres nations qui pratiquèrent la colonisation, on les nomme terroristes.

C’est que je cherche à comprendre comment le raisonnement du ministre des affaires étrangères canadien, Lawrence Canon. Cet empressement de vouloir jouer le «Grégory Charles» des affaires internationales, cet empressement de vouloir servir la bourgeoisie surtout, puisque c’est bel et bien de cela qu’il s’agit à vrai dire. Pétrole, eau douce, la Libye n’est pas pauvre de ces ressources. Il y a du fric à y faire…, alors qu’importe le despote, tant qu’il est du bord de la bourgeoisie internationale et qu’il privatise les ressources naturelles de son pays.