Après 24 heures un nouveau jour. C’est mécanique.
Une semaine fait 7 jours et il faut 12 mois pour une nouvelle année. Cent ans pour un siècle. Et dix siècles empilés forment un millénaire.
C’est mathématique.
Un jour neuf est un jour d’occasion. Un jour usé qui a déjà vécu.
Il n’y a pas de remise à zéro. A minuit, rien ne recommence. Le 31 décembre rien ne meurt et rien ne renaît. Ce jourd’hui contient hier, avant-hier et tous les autres jours du monde. Rien de plus et rien de moins. Rien ne s’efface ou ne s’éteint. Seule notre mémoire oublie, qui a la mémoire courte. Notre mémoire suffoque, étouffée par le poids des choses à ne pas oublier. Le pain et le loyer. La lessive. Se lever à six heures. Se rappeler des belles choses. Se rappeler des crimes atroces et des tyrans qui passent. Des crimes qu’on oublie pendant que la terre trépigne de rage sous nos pieds.
Les jours passent et nos mémoires oublient. Les jours passent mais pas la terre qui tremble et refuse d’absorber tout le sang versé, chaque jour, depuis que nous existons.
Alors, nous marchons sur la terre gorgée de sang. Nous marchons et ce sang colle à nos semelles, du fond des océans jusqu’au toit du monde. Qu’importe, nous marchons.
Sans jamais nous retourner.