C’est en lisant la chronique hebdomadaire de Diederick Legrain dans le Publi Namur de la semaine dernière que j’ai eu envie de vous raconter mes péripéties supermarchéales.
En général, cette chronique parle de la politique namurwèse, à laquelle je pige rien.
Mais cette semaine, Diederick nous raconte son épopée au Carrefour, en habitué du Delhaize qu’il est.
Moi aussi, chuis une Delhaize-phile. Juste passque j’y accède plus facilement, tandis que pour Carrouf, je dois prendre un bus, lequel ne passe que toutes les pleines lunes. J’avoue que j’aime zoner à l’étage du Carrouf de Jambes, oùsque je peux claquer 500 eur en moins de temps qu’il ne faut pour trouver le scanner bleu magique qui permet de découvrir le prix réel des articles, jamais correctement affiché, et si affiché, toujours erroné, ça va de soi.
Donc Delhaize et moi, c’est pour la vie.
Et l’accueil y est totalement charmant. A la caisse, mais surtout à l’accueil. Concentre-toi sur ton sujet, ma petite Anaïs : l’accueil. A peine entrée, chez Delhaize, me vlà saluée. Grand sourire. Grand bonjour. Et la sympathie entraîne la sympathie. Je pense notamment à une gentille petite dame brune, adoraaaaaaaaable, toujours un sourire, toujours un mot gentil. Quand notre ami Benoît Poelvoorde y faisait ses courses l’autre jour, on a même gentiment discuté elle et moi, après que j’aie plaisanté sur les stars qui fréquentaient ces lieux. Adorable je vous dis, l’accueil Delhaize. Delhaize, c’est le monde des Bisounours.
Mais chez Carrefour, c’est tout autre chose. Si Delhaize = le monde des Bisounours, Carrefour = le monde de Cruella, Sher Kan et Javotte réunis.
Chez Carrefour, ils ont eu une idée de génie en matière de 100 % remboursés : indiquer dans le rayon « 100 % remboursé, s’adresser à l’accueil ».
Donc ben moi, je m’adresse à l’accueil.
Mais de l’intérieur.
Or, l’accueil donne vers l’entrée, on y accède bien plus facilement quand on entre ou sort du magasin. Mais moi, j’ai toutes mes courses, donc je suis contrainte d’aller du « mauvais » côté de l’accueil, du côté obscur de la force : là oùsqu’une vitre avec des trous permet de s’adresser, normalement, aux gentilles hôtesses souriantes. Un peu comme en prison quoi.
J’arrive donc, je me terre derrière ma vitre, et comme y’a trois clients à l’accueil, du bon côté, je patiente en attendant mon tour. Les deux cerbères hôtesses s’occupent de deux clients, puis du troisième. Entre-temps, bien sûr, plein d’autres clients sont arrivés et font la file du bon côté. Vraiment du bon côté, puisque moi, on me jette des regards en coin, on passe à 3 centimètres du vitrage criblé de trous (de balles ?), mais je ne suis rien, je n’existe pas. Elles me voient, je le vois, mais elles m’ignorent.
Et les clients continuent à arriver et à être servis du bon côté, tandis que moi je patiente en silence. Jusqu’au moment où ça suffiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit, et où je hausse le ton, d’un « y’a moyen qu’on s’occupe de moi » ? Sèche, moi y’en a être, mais marre moi y’en avoir. Une vitre avec des trous de balles, je veux bien, mais si derrière la vitre avec des trous de balles, y’a encore d’autres trous de balles, là je dis non.
Et, enfin, miracle miraculeusement miraculeux, j’ai droit à un regard. Pas un sourire, non, faut pas rêver, un simple regard, à la limite du « keskelle me veut celle-là ? ». Et je pose ma question sur les remboursés, comment skon fait et tout et tout. Très sèchement, mon hôtesse particulière me répond que j’ai qu’à payer et revenir chercher la paperasse. Sans autre explication, débrouille-toi Anaïs.
J’obtempère, je passe à la caisse, en selfscan, grande nouveauté du jour, près d’une hôtesse absolument adorable, je me dois de le dire, vraiment adorable, comme quoi c’est possible de l’être. Lorsque sa voisine entend que j’ai été considérée comme invisible durant un temps fou à l’accueil pas accueillant, elle vient s’inquiéter de savoir si c’est d’elle dont je parle. Et lorsque je l’informe que non, bien sûr, que je parle de l’accueil, le vrai, celui de là-bas au loin, la moue qu’elle tire en dit long sur la réputation qu’a l’accueil de ce grand magasin…
Après avoir payé, je retourne faire encoooore la file à l’accueil, mais du bon côté cette fois, sans trous de balles (du moins niveau vitrage), et je récupère les précieux documents, distillés au compte-goutte comme un bien plus précieux que le Yun kun kun. Fort heureusement, je connais la marche à suivre en matière de remboursés, sinon j’aurais pas récupéré mes sousous, vu qu’à l’accueil du Carrouf, ben on fait tout sauf du véritable accueil.
Je propose dès lors que Carrefour rebaptise son accueil. Car « désaccueil » siérait bien mieux à ce lieu de perdition. Faut appeler un chat un chat, non mais.