Tic-Tac-Tic-Tac-Tic-Tac

Publié le 22 septembre 2009 par Brunobelbezier
Je n'aime pas les médecins.
Entendons-nous, je n'ai rien personnellement contre ces disciples d'Hippocrate. Individuellement, ils sont plutôt gentils. Même collectivement, je n'ai rien à leur reprocher. Même que j'admire la noblesse de leur profession, et les années de dur labeur qu'ils doivent déployer afin d'obtenir le droit d'exercer. Sans parler de l'art et du doigté qu'ils exercent jour après jour dans leurs cabinets.
Non, ce ne sont pas les médecins eux-même qui me rebutent. C'est l'effet de malaise qu'ils font invariablement naître en moi.
Un peu comme la culpabilité mystérieuse qu'on ressent quand on policier nous suit sur la route. On cherche immédiatement quelle faute on aurait commise.
C'est un peu le même phénomène avec les médecins. On se présente un bon jour à cause d'un malaise qui perdure et qui nous gêne un peu dans nos activités. On s'attend un peu à se faire prendre pour un crétin avec nos petits bobos. On se trouve même un peu nono avec nos symptômes sans queue ni tête et apparemment sans liens entre eux.
On se dit qu'au pire, on sortira avec une prescription de petite pilules ou un conseil d'hygiène de vie du style dormir plus, couper sur le café, perdre du poids, se faire moins de bile et prendre la vie du bon côté.
Puis on se fait coller un billet pour un examen d'urgence sous le nez, avec recommendation d'y passer tout de suite, ou tout au plus le lendemain et de se rendre, tant qu'à faire, directement à l'hôpital le plus près de chez soi. Parce que peut-être que cet examen déterminera si on restera sur place, le temps de quelques dodos. Ou pas.
Alors qu'on est rentré guilleret, quelques minutes plus tôt, et que notre plus grosse inquiétude alors était de se faire prendre pour fou, on en ressort avec un grain d'inquiétude, et un petit noeud vague, quelque part, juste en-dessous de l'estomac.
Petit noeud qui deviendra, naturellement, complètement envahissant et obnubilant à mesure que les heures s'écoulent.
Alors que je ne suis vraiment pas le genre à me faire des montagnes avec des inquiétudes de santé, il m'arrive de passer de nombreuses heures angoissantes à la sortie d'une visite médicale.
Au final, je suis certaine que cet examen ne révèlera rien à rien. Qu'il n'y aura pas de dodos à l'hosto, ni de passage au billard. Qu'il n'y a même pas matière à inquiétude du tout.
Il n'empêche qu'en attendant, je me sens tout à coup dangereusement malade. Pour un peu, j'entendrais presque le tic tac inexorable d'une bombe qui peut sauter à tout moment.
Non, vraiment, je n'aime pas trop les médecins.