De ces quatres chatons, l'un est décédé dans les jours qui ont suivi la naissance. Comment? Pourquoi? Pas la moindre idée. C'est un peu triste, mais pas totalement inattendu. Ce sont des choses qui arrivent.
Ils ont eu la vie un peu dure ces bébés dans leurs tout début. On a dû soigner des parasites, une infection des yeux. J'ai dû leur apporter quotidiennement pas mal de soins depuis leur naissance. Mais quel bonheur de les voir grandir, prendre du mieux.
Puis les chatons grandissent un peu. La boîte qui jusque là limitait leurs univers devient trop petite. Ils escaladent les côtés, quittent leur petit nid et commencent à explorer autour. Ils commencent à se balader un peu partout. Ils interragissent avec les autres. On les retrouve parfois dans des endroits assez inusités. C'est là qu'ils sont le plus rigolos. C'est là aussi qu'on découvre leur personnalité.
On tâche de ne pas s'attacher parce qu'on sait qu'ils doivent nous quitter. Mais ils sont tellement attendrissants que c'est difficile de résister. Puis il peut arriver qu'on ait des affinités très fortes avec un animal, tout comme avec les humains.
Ce qu'il y a de particulier avec cette portée, c'est la couleur des chatons. Un presque tout noir. Un presque tout blanc. Et un petit tigré gris et noir, presqu'identique à sa maman. J'avoue que dès le début, j'ai craqué pour le petit blanc. J'ai toujours rêvé d'avoir un chat blanc. Il a le bout des oreilles et la queue grise. Il est tout mousseux. Il est vraiment mignon.
Mais....
Le petit tabby gris et noir, il a un petit quelque chose de plus. Un petit je ne sais quoi qui le rend particulièrement attachant. Il est calme. Affectueux à souhait. Il cherche souvent notre compagnie au détriment de sa fraterie. Et je me prends à penser que puisque Peluche nous quittés, il y aurait peut-être une petite place permanente dans notre foyer pour celui là.
On l'a appellé Mirage, faute de pouvoir déterminer s'il s'agissait d'un petit mâle ou d'une femelle.
Mais voilà qu'hier, je suis rentrée très tard du bureau. 21h. Les enfants n'ont pas encore soupé et sont affamés. En préparant le repas, je remarque mon petit Mirage couché dans un endroit inhabituel, la tête basse. Il me parait bizarre.
Je nourris les enfants puis je prends le petit chaton au creux de ma main. Je l'examine soigneusement. Sa respiration est rapide. Il est tout mollasson. Il n'a pas l'air bien. Je l'examine sous toutes ses coutures. Pas de blessure apparente. Je le tâte délicatement du bout du nez jusqu'au bout de la queue. Aucune douleur apparente. Il ne semble pas non plus faire de fièvre.
Je me dis qu'il a peut-être simplement un peu chaud. Alors je l'emmène dehors. Je lui installe un petit lit fait de couvertures moelleuses. Il y dort un moment, sur mes genoux, sans sembler prendre de mieux. Je me dis qu'au matin, je l'emmenerai chez notre vétérinaire s'il ne va pas mieux.
A l'heure du dodo, ne voulant pas le quitter des yeux, je m'installe au salon, Mirage tout près de moi, à portée de main.
Je me suis réveillée subitement dans nuit. Il était mal. Vraiment mal. J'ai tenté de lui donner un peu d'eau, encore une fois... Je lui ai parlé, je l'ai carressé....
Je l'ai accompagnée, impuissante jusqu'à son dernier souffle quelques minutes plus tard.
Je ne m'explique pas ce qui s'est passé. Je ne comprend pas qu'un bébé qu'on quitte plein de vie un matin, soit retrouvé malade au retour le soir puis mourant dans la nuit. Je ne comprends pas qu'une vie puisse être soufflée si vite. Avant même avoir pu chercher pour lui une assistance médicale.
C'est tout con, je sais, mais j'ai plus de chagrin pour ce petit bébé qui a trop brièvement traversé nos vies, que pour mon vieux copain qui a eu toute une vie bien remplie. Lui, je savais qu'il allait partir. Je savais qu'il ne serait pas éternel.
Mais ce tout petit...il aurait dû vivre longtemps. Je n'aurais pas dû remettre la visite médicale à ce matin. J'aurais dû trouver une clinique qui acceptait les urgences, même aussi tard. Il aurait dû vivre! De nombreuses années! En santé. Dorloté! Aimé.
Au lieu de quoi, il a rejoint notre Peluche au fond du jardin. On a planté quelques fleurs sur sa tombe. J'ai demandé secrètement à notre vieux copain à 4 pattes de le prendre sous son aile. Aussi protecteur avec lui dans l'au-delà qu'il l'était ici, parmi nous. De veiller sur lui "au paradis des chats'' comme le dit si bien ma petite pinotte.