Vous débarrassez la table, l'amoureux vous donnant un coup de main, après un souper assez simpliste constitué de macaronis à la viande gratinés. Votre corps se révulsant à la vue du moindre oignon, vous vous êtes contentée de manger une petite rôtie, laissant les macaronis au père de la famille ainsi qu'à bébé, qui a, soi-dit en passant, survécu à ses deux otites et sa pneumonie. Les relents de nourriture constituent pour le moment votre pire cauchemar, c'est pourquoi toute cette vaisselle sale et puante est envoyée illico au lave-vaisselle.
Vient ensuite la routine du dodo pour bébé, que vous effectuez en gardant le peu de patience que le premier trimestre vous accorde, c'est-à-dire une quantité si minime qu'on pourrait parler de non-existence (et ça vous désole, mais bon). Une fois bébé couché, vous bifurquez rapidement vers votre propre lit, profitant de chaque seconde de sommeil qui vous est offerte. Vous n'êtes pas dupe et surtout, vous vous êtes domptée avec le premier bébé: le sommeil se fait rare après l'accouchement, mieux vaut faire des réserves.
Et voilà qu'une grande ombre massive se glisse furtivement sous la couette, se collant sur votre corps déjà malmené par la mini-crevette qui y a élu domicile. L'amoureux vous étreint. Vraiment. Vous vous dites:
«Allez, ma vieille, un petit effort. L'abstinence, c'est en période post-partum, pas avant.»
Et vous vous retournez face à l'homme de votre vie, au moment précis où il vous susurre:
«J'avais peur que tu sois déjà endormie.»
Et vlan! Son haleine d'oignon vous frappe de plein fouet. Vous réprimez un terrible haut-le-coeur. Vous voyant fuir en quatrième vitesse vers la salle de bain, l'amoureux tente de vous extirper quelques explications:
«Euh, Bizz, qu'est-ce qui.....?»
La douce mélodie de votre estomac qui se vide dans la cuvette lui fournit toutes les explications dont il avait besoin pour saisir l'ampleur de la situation.
«Ça va, Bizz, je vais me faire un noeud dedans jusqu'au deuxième trimestre.»
Bien dit, chéri.