Tandis que la danse des neutrons s’affole au Japon, pendant qu’un tyran écrase l’espoir de son peuple dans le sang au nord de ton continent, tu sombres. Tu es un navire à la dérive sur cet océan des pays du monde. Chère et malheureuse Côte d’Ivoire.
Nous t’avons abandonnée à la poignée de monstres assoiffés de pouvoir et prêts à tuer jusqu’au dernier de tes fils, la dernière de tes filles pour envoyer leur argent en Suisse, comme disait celui qui a semé le germe de tout cela, le « père de la nation », le « vieux », celui que l’on respectait. Le père indigne de cette guerre.
Nous sommes responsables, nous sommes coupables, par notre silence. Nous avons voulu croire que tu sortirais grandie et apaisée
de ces élections. Nous n’avons pas voulu voir ce qui était devant nos yeux. On n’organise pas des élections libres sur un territoire où des milices armées imposent leur ordre.
Je sais que mon cri est inutile. Je sais qu’une foule noyée dans une mer de bons sentiments préfèrera encore s’abriter derrière
les apparences relayées par des médias qui attendent sans doute que le sang coule encore plus pour d’indigner. Non, le prétendu président élu n’est pas légitime, il n’est qu’un putschiste. Et
non, l’autre n’est pas non plus légitime.
Nous, parce que nous avons laissé nos démocraties aux mains d’intérêts qui se moquent de la liberté des peuples, qui n’est
parait-il pas bonne pour le commerce, nous sommes responsables.
Nous ne pouvons que crier, et espérer qu’enfin l’indifférence cesse. Il est vrai que vu de Neuilly, le sang des noirs ne compte
pas. Il est rouge, comme ta terre. Attendent-ils donc que les fosses communes soient trop étroites pour enfin réagir ?
Pauvre Côte d’Ivoire… Tu n’as ni pétrole, ni uranium et si peu d’autres richesses négociables sur les « marchés » qui
dictent au monde ce qui est bien, ce qui ne l’est pas. Il va falloir que tu comptes sur toi pour survivre.
A moins qu’enfin, cette infatuée communauté internationale qui te regarde impassible agoniser se décide à imposer la paix et chasse toux ceux, isolés sous les ors officiels ou ceux d’un hôtel décati, qui prétendent t’imposer leur joug à n’importe quel prix.
Cela ne serait pas si difficile, et réclamerait des moyens bien inférieurs à ceux qui sont déployés ailleurs. Quant aux deux « présidents », qu’on leur donne un empire. Un îlot aux Kerguelen ferait l’affaire, n’importe où du moment qu’il n’y existe aucune liaison avec les banques suisses. Mais là, bien sûr, j’exagère vraiment.