du bon usage de la réflexivité

Publié le 21 mars 2011 par Cecileportier

Normalement lundi c'est aléaoracle. Mais ce lundi-ci je vais me contenter d'une autre leçon. En effet, le site Traque traces a été victime de son petit succès. Il y a eu cet article de Sabine Blanc et Ophélia Noor dans OWNI, racontant le projet avec humour et détails, il y a eu la présentation au Salon du livre vendredi matin, la présence des élèves, et cette vidéo montrant le travail en atelier d'écriture.  Du coup, intérêt, et visites nombreuses. Et le site a, selon une expression consacrée, planté. Bien sûr, selon l'expression consacrée, nous mettons tout en oeuvre pour la remise en service dans les plus brefs délais, mais en attendant, cela donne l'occasion d'une petite méditation.

J'ai commencé par me dire cela, à ma toute petite échelle de naine blanche : que l'expansion comporte sa part de danger, et que la mise en lumière peut rendre invisible.

Mais le printemps me gagne, j'ai vu des primevères à foison tout la journée d'hier, et je ne peux pas, ne veux pas, me laisser gagner par autre chose que la confiance dans les floraisons prochaines. Alors, il faut chercher à lire les choses autrement. Et pour bien lire, toujours lire au plus près. Or, au plus près, on ne dit pas le site a explosé, on dit "le site a planté". Et on ne dit pas : "le site s'est planté", comme on dit de quelqu'un faisant une grossière erreur, ou d'avion rencontrant trop vite le sol. On dit bien : le site a planté. Or, le verbe planter est transitif, sûr de sûr. On plante toujours quelque chose ou quelqu'un. Je viens de revérifier dans le TLFI, et j'ai notamment trouvé cette phrase en guise d'exemple : "Parvenue devant le tertre, Cécile commença de creuser la terre. Dans chaque trou, elle plantait une touffe de myosotis (Duhamel, Cécile, 1938, p 272". Donc, si le site plante, et qu'on ne dit pas qu'il SE plante, c'est bien qu'en plantant il plante quelque chose.

Lecteurs, soyez donc patients comme le jardinier sait l'être. Une petite racine, ça a toujours besoin d'un peu de temps pour faire surface.

Rendez-vous donc, dans quelques heures (combien et combien longues, je ne saurai le dire), sur http://petiteracine.net/traquetraces.