« L'habitude de célébrer le rite de la Passion
est une chose répandue dans la pratique contemporaine de l'Église orthodoxe
russe » nous disent les Bogoslujebnyé oukazanié
pour les Vêpres du soir du 2e dimanche de carême.
Cet «office» inventé au début du XVIIe s. par le métropolite de Kiev Pierre Moguila était
célébré d'abord dans les diocèses du Sud-Ouest (Ukraine) et s'est étendu au
reste de la Russie à partir du début du XXe s. Il est pratiqué quatre fois
(avant les Vêpres des quatre premiers dimanches de carême) — en l'honneur...
des quatre évangélistes.
Pour cet «office», un grand crucifix est placé au centre de l'église, devant lequel est chantée l'hymne acathiste aux Passions du Christ, puis l'Évangile de la Passion du Christ (dans l'ordre des évangélistes répartis sur les quatre dimanches : Matthieu 26-27, Marc 14-15, Luc 22-23 et Jean 18-19). Puis sont chantés des chants du Vendredi saint.
Cet usage est nouveau et sa description dans les Bogoslujebnyé oukazanié
— qui ont la prétention d'être la règle pour toute l'Église russe — est bien
embarrassante. D'une part, le côté occidentalisant est manifeste, d'autre part
cette célébration nous conduit prématurément à la Semaine sainte, rompant la
progression du temps carémique.
Les critiques face à ce phénomène sont nombreuses (cf. l'excellent article
contradictoire sur taday.ru), mais on trouve aussi des
défenseurs (cf. l'homélie de l'archim. Jean
Krestiankine).
Hymne acathiste chanté et lu au monastère Srétenski de Moscou.