Passia

Publié le 22 mars 2011 par Moinillon

« L'habitude de célébrer le rite de la Passion est une chose répandue dans la pratique contemporaine de l'Église orthodoxe russe » nous disent les Bogoslujebnyé oukazanié pour les Vêpres du soir du 2e dimanche de carême.
Cet «office» inventé au début du XVIIe s. par le métropolite de Kiev Pierre Moguila était célébré d'abord dans les diocèses du Sud-Ouest (Ukraine) et s'est étendu au reste de la Russie à partir du début du XXe s. Il est pratiqué quatre fois (avant les Vêpres des quatre premiers dimanches de carême) — en l'honneur... des quatre évangélistes.

Pour cet «office», un grand crucifix est placé au centre de l'église, devant lequel est chantée l'hymne acathiste aux Passions du Christ, puis l'Évangile de la Passion du Christ (dans l'ordre des évangélistes répartis sur les quatre dimanches : Matthieu 26-27, Marc 14-15, Luc 22-23 et Jean 18-19).  Puis sont chantés des chants du Vendredi saint.

Cet usage est nouveau et sa description dans les Bogoslujebnyé oukazanié — qui ont la prétention d'être la règle pour toute l'Église russe — est bien embarrassante. D'une part, le côté occidentalisant est manifeste, d'autre part cette célébration nous conduit prématurément à la Semaine sainte, rompant la progression du temps carémique.
Les critiques face à ce phénomène sont nombreuses (cf. l'excellent article contradictoire sur taday.ru), mais on trouve aussi des défenseurs (cf. l'homélie de l'archim. Jean Krestiankine).


Hymne acathiste chanté et lu au monastère Srétenski de Moscou.