Pourquoi y a t’il quelque chose plutôt que rien ? Vieille question, bien lasse, usée la pauvre d’avoir tellement servie, devenue vieille catin métaphysique, dont plus personne ne voudrait, même pérorant au comptoir du rade le plus crasseux. Pourtant, malgré une aura déliquescente, cette vieille – si vieille ! - question pourrait bien, grâce à Eric Chevillard, reprendre aujourd’hui des couleurs. Car que cachait-elle au fond cette question - semble t’il affirmer - si ce n’est peut-être ceci : l’absence, irréductible et douloureuse, de Dino Egger, celui par qui tout aurait pu arriver, celui qu’un personnage très discret, le bien nommé Albert Moindre, n’a cessé de chercher, partout, tout le temps. Une peine perdue, d’ailleurs, car Dino Egger n’a jamais existé. Son absence a comme la vigueur d’une crampe au mollet, celle d’un caillou malvenu dans la chaussure, voire celle d’une écharde qui simisse lentement dans la plante d’un pied. À ceux qui se demanderaient dès lors pourquoi notre vieille humanité semble éternellement claudiquer, Eric Chevillard propose donc avec ce nouveau roman une réponse, et le voici, habilement démasqué, le drame de l’homme, sa perpétuelle et ancestrale déconvenue : l’absence flagrante, la béance, large comme un ou plusieurs continents, qu’est la non-existence, le non-avènement de Dino Egger. Tout s’expliquerait donc. Enfin.
« Pourquoi y a-t-il rien plutôt que Dino Egger ? » Voilà, remodelée, renouvelée, l’éternelle question. Le monde, ce tapis semé d’embûches, est terne, sans éclats, hostile car Dino Egger jamais – jamais ! – ne l’a foulé de sa lumineuse évidence. On commence, je l’espère à envisager l’ampleur du désastre. Il y avait les nuits sans Kim Wilde, il y aura désormais un monde sans Dino Egger. Douloureuse perspective, d’autant qu’Eric Chevillard, n’hésite pas une seule seconde à nous détailler cruellement - dans une de ces belles listes apocryphes et forcément borgésiennes comme le sont toutes les listes apocryphes qui se respectent - quelques-unes des occurrences eggeriennes qui nous furent, et nous serons, toujours refusées : Le poisson de viande [59] ; Le funiculaire stellaire [37] ; Le fil à recoudre le beurre [95] ; Le sifflet silencieux favorisant l’approche discrète du gendarme et du garde-champêtre malencontreusement trahis jusqu’alors par les stridulations [102] ; La paternité incontestable des œuvres attribuées dans le doute à William Shakespeare [77] ; etc, etc, la liste détaillant le génie eggerien pourrait sans doute ne jamais s’achever.
Dino Egger donc, l’inventeur prodigieux, le démiurge, voire l’incarnation d’une tectonique des plaques faite homme, est aux abonnés absents depuis trop, beaucoup trop longtemps. Depuis toujours, hélas ! À se demander d’ailleurs à quoi joue cet Albert Moindre, le chétif, le falot, l’infatigable exégète d’un Egger toujours fuyant, pourquoi s’obstine t’il ainsi à chercher les traces ou les marques laissés par un Dino Egger définitivement très flou ? Ne se rêverait-il pas Calife à la place du Calife ?
Mais n’extrapolons pas. Le roman, ce vieux machin linéaire toujours mort, toujours ressuscité, Chevillard s’en méfie et s’en moque, ou du moins cherche à nous le faire croire. Inutile de préciser, donc, que la linéarité ici est allée voir ailleurs tandis que c’est tous les possibles, toutes les couches des milles et une ligne de vie d’un Dino Egger omnipotent qui substituent à notre regard un monde qui semble s’obstiner à ne pas s’accorder aux désirs d’Albert Moindre, l’archéologue obstiné en quête d’un Dino Egger définitivement insaisissable.
Et ne parlons même pas de tes propres désirs, ami lecteur, toi qui déjà n’en peux plus et demande à tout bout de chant si après tout Albert Moindre, ce raté, ne serait tout simplement pas Dino Egger ? Vieille stratégie romanesque que voilà, celle de la figure double, du duo antinomique, du yin et du yang, Dr Jekill & Mr Hyde, Albert Moindre le jour, Dino Egger la nuit ?
« Mais quelle impatience ! On n’aime plus le roman tout à coup ? On veut la fin tout de suite ? », nous apostrophait pourtant déjà l’auteur en 2005 dans Oreille Rouge, avant d’ajouter : « Et quoi du délicieux supplice de l’attente ? Laisserons-nous le chien fidèle de l’auteur haleter seul entre ses jambes ? ». Le roman, cette vieillerie louis-philipparde, ce chien fidèle, ne nous aura pas, c’est dit. Nous ne nous laisserons pas tromper par ses effluves entêtants aux charmes vert-de-grisés. Sera t’il possible, pourtant, de ne pas convenir, et cela avec l’auteur lui-même qui, au détour d’une interview, confesse l’inconfessable, ce qu’il faudra bien pourtant admettre : « Comment se passer d’une narration, et même de l’effet d’attente ou de suspense du roman ? Un livre doit être dynamique, au moins porté par un mouvement, un courant, suivre une trajectoire de flèche. Il faut que les pages tournent. Je l’expérimente en tant que lecteur, la plus belle prose stagne bientôt comme un marécage si elle n’est pas traversée par une tension dramatique. » [1] Tension, mon beau souci.
Et personnage, mon bel ennui. On l’aura compris, puisque l’ami Chevillard joue à cache-cache avec la narration, il en ira forcément de même avec les personnages. Coquilles vides, coquilles vides donc que les personnages chez Chevillard, tel cet Albert Moindre, qui n’en est pas à sa première apparition dans ce que l’on peut bien appeler les « romans faute de mieux » de notre natif de La Roche-sur-Yon. Albert Moindre, franchement, un nom pareil … Et pourtant, tout amateur de voie ferrée saura qu’un train peut en cacher un autre, et qu’ainsi, un Albert Moindre nécessairement cache un Dino Egger en lui. Comme s’il dissimulait habilement un tigre dans son moteur. Le personnage donc, comme allégorie négative, comme négation de l’allégorie, le personnage comme ressort comique, caractère de fable philosophique à l’ancienne. Chevillard ironiste voltairien, dirais-je si j’avais lu Voltaire. Mais je n’ai jamais lu Voltaire, comme d’ailleurs, il faut bien l’avouer, la plupart des classiques. Honte à moi, donc. Néanmoins et derechef : Chevillard ironiste, voltairien ou pas, Chevillard moqueur, avec la précision et la finesse douloureuse d’un fleuret, souple, mais qui n’hésite pas à appuyer avec force là où on ne préférerait décidément pas. Exactement comme dans les quotidiens aphorismes de son fameux blog, L’autofictif, lecture par ailleurs fortement conseillée.
D’une certaine manière puisque nous y sommes, l’évocation de cette écriture de l’extrêmement bref que pratique Eric Chevillard en ligne (et dans les pages de l’excellente revue Le tigre) nous ramène à la problématique de la tension narrative dont nous parlions plus haut. L’économie, la densité des idées et des suggestions en une poignée de lignes, cette rigueur du moins pour le plus, bref tout ce qui fait le sel de son blog, tout cela ne serait-il pas justement un handicap prononcé à l’heure de la grande forme, à l’heure du « bon vieux roman » ? Borges, ce cher et inévitable Borges, maître absolu de la concision narrative, de l’économie comme art de faire entrapercevoir un monde de paradoxe vertigineux, comme art aussi – et c’est bien sûr là que Chevillard est borgésien – de la distanciation ironique, Borges donc, c’est bien connu, n’a pas écrit plus de romans qu’il n’y a de chameaux dans le Coran. C’est-à-dire aucun. On me rétorquera, et avec raison, que l’auteur de Dino Egger a écrit moult romans bien avant l’Internet, et que par conséquent sa pratique du micro-texte découlerait donc de son travail romanesque, et pas l’inverse. Je répondrais « who cares ? », car à la lecture non seulement de Dino Egger, mais également à celle d’un autre roman, de 2005, l’Oreille rouge cité plus haut, c’est la sensation inverse qui s’impose, apportant avec elle son lot d’inconfort : là où chez L’autofictif Chevillard excelle, dans le cas de ces deux romans – et surtout en fait en ce qui concerne Oreille rouge – Chevillard pêche. Où ? Comment ? Par excès de pointillisme probablement, par l’accumulation de petites choses toutes formidables, mais dont l’agglomération, c’est une évidence largement démontrée, ne fonctionne pas, ou pas complètement. C’est flagrant dans le cas d’Oreille rouge : le livre est une succession de paragraphes courts, comme autant d’entrées dignes de L’autofictif mais tournant naturellement autour d’un même thème (l’Afrique, et l’occasion pour Chevillard de faire son affaire de la tradition guindé de la littérature de voyage). Il en résulte une certaine lassitude à l’heure de la lecture dite ligne-droite ou, pour reprendre une terminologie de Julio Cortázar, « rouleau chinois ». On aurait presque envie de s’approprier Oreille rouge en mode livre gigogne, par le milieu, la fin, ou n’importe quel bout plutôt que du début vers la conclusion d’une seule traite. Si Borges n’a pas écrit de roman, c’est probablement aussi parce que son style ne s’y prêtait pas. Imagine t’on un roman de 200 pages (ou même 150, ou 100 …) possédant la même densité (une densité bien souvent en creux, qualité que l’on retrouve chez Chevillard) que celle des textes de Fictions ou L’Aleph ?
Au-delà de ces divagations, c’est que le roman demande un lâcher prise, le micro doit y laisser passer le macro, c’est-à-dire la grande forme, la vision globale, bref et pour en revenir au nerf de la question : la tension dramatique. Dans Oreille rouge, cette tension fait, me semble-t-il, cruellement défaut, et la lecture s’en ressent. Que voulez-vous ? Le lecteur, parfois, se lasse. Pourtant, je le répète, le livre n’est pas avare de saillies et de pépites, pris séparément tout y est bon (et bien souvent très bon), mais la vision d’ensemble, ce qu’on pourrait nommer l’argument y est bien trop maigre, il y a comme un déficit de piliers solidement plantés, plantés par exemple dans le sol Africain, puisque le roman tourne autour de la question africaine. Si l’on décidait de prendre le contrôle de l’hélicoptère de l’insupportable Arthus-Bertrand, que verrait t’on en survolant l’univers fictionnel d’ Oreille rouge ? Pas grand-chose, une nuée de points à relier, mais dont la numérotation, vue de si haut serait tout bonnement illisible. Vue d’avion, enfin d’hélicoptère ou de n’importe quel autre machin volant identifié, la précision, l’ironie subtile et dévastatrice de Chevillard nous laisse sur notre faim. Il y manque quelque chose. Peut-être le lecteur devrait-il lâcher les commandes du joujou volant et coûteux de l’autre idiot, et opter pour la loupe ?
Ce n’est pas tout à fait la même chanson qui se joue pour Dino Egger. Déjà, nous n’avons plus affaire à une succession de petits paragraphes, mais à un flux nettement plus dru, qui pousse le lecteur à plonger. Il s’y crée une ligne dynamique, une intensité.
Albert Moindre est-il l’obstacle ou la condition sine qua non de l’apparition de Dino Egger, celui qui dès Lascaux inventait la peinture cubiste, nous faisans dès lors gagner un temps précieux ? Voilà donc ce qui pourrait bien être un moteur narratif pour le roman. Il y a, justement, en plein mitant du bouquin, quelque chose qui s’approche bel et bien de cette narration, cette maudite narration : l’extrait d’un curieux journal, découvert par notre Moindre au cours de ces multiples tentatives de fatiguer toutes les archives municipales de France et de Navarre. Un type y raconte les errements, balbutiements, allez retours, temps et contretemps d’un projet mystérieux, cryptique, à moins qu’il ne soit tout simplement absurde. En lisant ces pages (à mon goût, on l’aura sans doute compris, parmi les plus réussies, les plus ouvertement comique, et donc inquiétantes, du roman), on a comme l’impression de lire quelques pages égarées du journal de Jacques Morand, vous savez le Morand de Molloy, l’inégalable chef-d’œuvre Beckettien, voire même d’y entendre la voix de Molloy lui-même. On sait peut-être que c’est par obsession beckettienne que Chevillard envoya son premier manuscrit à Minuit. Difficile donc de ne pas voir dans ces quelques pages un hommage, direct - et plutôt enlevé - un exercice de style (hou … le vilain mot est lâché !) qui prend le large, et devient presque le centre creux de cette immense digression qu’est – comme semble t’il la plupart des livres de Chevillard – Dino Egger. Molloy rampait, investie d’une mission, de même notre diariste est lui aussi un missionnaire, un fomenteur, mais de quoi ? Avec quelle équipe ? Les bras cassés qui semble l’accompagner dans son entreprise ? Ne serait-il pas plutôt un de ces fats qui croient que des signes lui sont adressé par le moindre élément stupide du quotidien, y décèle dès lors le potentiel d’un destin bigger than life ? Un peu comme Albert Moindre dont la quête d’un Egger chimérique est aussi la construction lente, pénible, idiote, d’un sauf-conduit qui le libèrera de sa triste condition de fils et petit-fils d’éclusier (l’évocation de la généalogie du sieur Moindre nous vaux d’ailleurs quelques paragraphes qui semblent renvoyer directement au Thomas Bernard d’Extinction, si l’on accepte de remplacer la dynastie de châtelains autrichiens par une autre d’éclusiers franchouillards). Je ne suis pas sans savoir que la comparaison Chevillard-Beckett n’est pas dès plus originale, mais à la lecture des quelques pages du mystérieux diariste, il me semble difficile d’y échapper.
Ce diariste, sans doute, ressemble fortement à Albert Moindre. La tache mystérieuse qu’il évoque pourrait bien être celle de notre exégète de Dino Egger. Un type qui tourne inlassablement autour d’un pot qui n’existe pas. Mais pourquoi tourne t’il donc autour dudit pot, que représente t’il ce pot, pour le pauvre Albert Moindre ?
Le quotidien, voilà peut-être où réside la clé : minable, mais acharné, il se moque de nous, se moque de notre angoisse, de notre quête de sens, comme la rétive moustiquaire avec laquelle se débat le risible Oreille rouge, dans le périple Malien qu’expose le roman éponyme. Le quotidien, minable, rétif, le quotidien comme unique horizon poreux où jamais nous ne trouverons le sens qui pourtant - diantre ! – nous fait tellement défaut. Mais ne serais-je pas en train de faire passer en force une métaphysique de PMU, ou pire – horreur ! – une de ces bonnes vieilles analyses psychologiques à l’emporte-pièce, dans le bouquin d’un écrivain qui refuse pourtant définitivement et d’un bloc ce genre d’inepties, paraît-il épuisées jusqu’à la moelle. Ah ! Peut-être, mais qui m’en voudra ? J’aime assez l’idée de voir ce type, oui, lui, Albert Moindre, le falot, comme une métaphore de l’ennui provincial, comme ce rat de bibliothèques vermoulues où plus personne ne se risquerait, comme une nouvelle métaphore d’une érudition qui ne saurait pas ne pas être maladive. Le bovarysme branlant d’un type qui par tous les moyens cherche une fiction du réel qui lui redorerait le blason, et qui, plutôt que de s’identifier à des fictions existantes, cherche les traces d’une fiction qui n’existe pas et qui serait la sienne. Albert Moindre comme un de ces derniers lecteurs qu’évoque Ricardo Piglia dans son essai éponyme. Mais en mode absurde. Un pantin, un guignol, qui se projette dans le fantasme aberrant de ce Dino Egger : tantôt artiste total, démiurge beethovenien, les cheveux au vent, à l’intempérie, tantôt criminel massif, dictateur sanglant, mais toujours extraordinaire, too much, indépassable. Albert Moindre ou les rêves de grandeur d’un petit employé de bureau, qui la nuit se transformerait en Dino Egger. Albert Moindre le pauvre type, le ridicule, aux rêves trop grands pour lui.
Cette figure de vieille fable philosophique – celle de l’idiot, du fat, du type excessivement imbus de lui-même pour aucune raison valable – riche tradition littéraire s’il en est, est un terreau où Eric Chevillard semble aller puiser régulièrement. Qu’ils soient réels (le Désiré Nisard de Démolir Nisard) ou fictifs, les personnages-coquilles vides de Chevillard ne sont peut-être pas si vides, car ne sont-ils pas comme remplis d’une morgue à toute épreuve ?
Là où certains lisent pour comprendre le réel, où d’autres liraient en quête d’une unité, là où donc on lit pour un ensemble de raisons à priori valables, Albert Moindre au fond ne lit pas : il fait semblant. Il cherche à combler. Il parcourt une montagne incalculable de paperasse, mais ne la vois pas : les lettres dansent devant ses yeux, elles dansent une gigue moqueuse. Et Moindre se désespère : rien, il n’y a rien. Le réel hostile se refuse à lui. Pas de Dino Egger. Pas un traître mot. Pas la moindre parcelle de papier l’évoquant, rien, nulle part…
Au fond, c’est le quotidien terne, plat, amorphe, de ce Moindre – un type qui n’a même pas pour lui l’idiotie magnifique d’un Bouvard ou Pécuchet, un type à qui manque le délire forcené d’un Ignatius J. Reilly – c’est donc le quotidien parfaitement transparent d’Albert Moindre le fils d’éclusier qui se dessine, se découpe, derrière l’ombre du géant Egger. Sous les pavés du génie eggerien : le vide d’un jour sans fin, monotone et triste comme un paysage wallon. Un paysage d’écluses infinies, où l’on regarde passer sur l’eau les chiens morts.
Les rêves de grandeur semblent mener nulle part quand ils naissent dans l’esprit grisâtre d’un zéro pointé comme M. Moindre. Pourrait-il lui-même incarner ce Dino Egger que l’histoire lui a refusé ? Voilà donc le défi.
Je ne voudrais pas non plus donner l’impression qu’il y a quelque chose s’approchant d’une forme de suspens dans ce livre, mais néanmoins, dans cette tentative d’épuiser d’abord tous les possibles d’un monde qui aurait connu Dino Egger, avant d’envisager tous les stratagèmes pour qu’un certain Albert Moindre puisse le faire naître, Chevillard crée une accroche, et c’est cette accroche qui, au-delà du pur jeu d’une digression infinie, celle de mille Dino Egger possibles, fait tenir le livre. Là où Oreille Rouge déçoit, ou plus exactement, là où Oreille Rouge peu à peu semble se transformer en un jeu, virtuose certes, mais un peu vain, Dino Egger semble s’élever sur des fondations plus stables, alors même pourtant qu’on est au plus proche possible d’un livre sur le rien. Du coup, entre deux éclats de rire, entre les milles et une invention d’une prose très (trop ?) sûre d’elle, perdu dans une fourmilière d’idées et de paradoxes féconds, le lecteur mine de rien avance. Vers où, cela reste à voir, néanmoins, dans sa lancé, le lecteur retrouve le plaisir pur d’une littérature ludique, où l’ironie et la distance n’est pas (seulement) pose ou sauf-conduit, mais aussi une expression directe – et parfois effrayante – de l’intelligence.
[1] Extrait d'une interview lisible sur le site de Chevillard.