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[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

Publié le 23 mars 2011 par [email protected]

[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

Après avoir perdu un procès en diffamation, Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, démissionne de la revue Millénium et ressasse son dépit. Il est contacté par un magnat de l’industrie qui lui confie une enquête vieille de quarante ans : sur l’île abritant l’imposante propriété familiale, sa nièce, Harriet Vanger, a naguère disparu, et il reste persuadé qu’elle a été assassinée. Si ce n’est pas exactement le hasard qui réunit Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, réchappée des services sociaux et génie de l’informatique, c’est une vraie chance, car la jeune femme va bien vite s’imposer comme le meilleur atour du journaliste pour élucider l’affaire. L’intolérance, l’hypocrisie, la violence et le cynisme de notre monde contemporain – aux niveaux politique, économique, social, familial – sont les ressorts de ce polar addictif, au suspense insoutenable, qui a enthousiasmé des millions de lecteurs.

[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

En sortant des sentiers battus

Un demi-million d’exemplaires vendus pour la seule Suède, pays d’origine de cette trilogie devenue incontournable, c’est un chiffre énorme que nous avance la population d’un pays qui compte à peine 9M d’individus ; en comparaison, nous apparaissons ridicules avec un Indignez-vous écoulé à 1M d’exemplaires (ne revenons pas sur le fait que ce texte-ci fasse à peine 32 pages…).  Adapté en séries TV de tous horizons et en films de tous bords (David Fincher se chargera d’ailleurs de réaliser la version américaine du premier opus), le monde entier connait désormais l’histoire de Stieg Larsson, auteur décédé d’une crise cardiaque peu de temps après avoir confié les trois premiers volumes à son éditeur (en tous cas, c’est ce que la légende raconte). Du fait de ce coup du sort, on n’est pas loin du cataclysme médiatique qui s’abat sur le héros de Millenium, Mikael Blomkvist.

Ce dernier se trouve être un journaliste économique, fondateur de son propre journal Millenium, condamné pour diffamation par la faute de sources qui l’ont manipulé. Ridiculisé et écopant d’une peine de prison de quelques mois, « Super » Blomkvist n’y perd pas complètement : en effet, un vieux renard de l’industrie du bois, Henrik Vanger, l’engage afin de résoudre une affaire de famille vieille de quarante ans Il s’agira pour le journaliste, subitement reconverti en détective privé, de découvrir qui a été le meurtrier de Harriet Vanger, sa nièce. D’abord réticent, le journaliste se laisse finalement convaincre par le vieil homme lorsqu’il affirme détenir des preuves irréfutables des malversations de Wennerström ; le fameux businessman à la tête d’un empire de plusieurs centaines de milliards que Blomkvist avait accusé d’être un véritable gangster.

Ce premier tome alterne les points de vue du journaliste M. Blomkvist mais également celui de Lisbeth Salander. Le premier est un quarantenaire qui a fait ses preuves dans le milieu de la presse, charismatique, sociable et d’un naturel sympathique tandis que la seconde incarne le stéréotype de l’adolescente arborant tatouages et piercings, toujours vêtue en noir, froide et associable ; ce qui n’empêche pas pour autant Salander d’être un agent compétent de Milton Security, avec une tâche également très similaire à celle de détective privé. Ce sont deux antagonismes parfaits qui visent clairement deux publics différents, tandis que S. Larsson veille soigneusement à ce qu’aucun des deux personnages ne vous soit insupportable pour autant.

Un nord davantage sang que blanc

La Suède est un pays moins connu que d’autres, et les longues descriptions qu’en fait Stieg Larsson plante un décor atypique. Il est à noter que le roman se déroule à notre époque, avec de nombreuses références à des marques connus (l’auteur va jusqu’à faire la publicité pour un logiciel disponible sur le net) et des personnalités politiques ayant réellement existé (Olof Palme, par exemple). Cela compense-t-il sans doute un style inégal et un ton plus journalistique que littéraire, mais qu’importe. Le premier tour de force de Millenium est d’abandonner complètement la notion d’action durant le premier tiers de son contenu, préférant se donner le temps d’avancer une multitude de détails sur les personnages, les relations de chacun, les lieux, les évènements économiques et politiques, la pluie et le beau temps… Je sais que la plupart d’entre vous se lasseront de ce surenchérissement, mais Stieg Larsson est un filou ; car aucune information n’est jamais donnée gratuitement, et chacune trouvera finalement son utilité.

Il est également important de souligner que ce livre est à déconseiller aux âmes sensibles. En effet, le livre ne lésine pas sur les effusions de sang ni sur les abominables évènements qui en sont la cause… C’est un polar, oui, mais ultra-violent et sexuellement assumé. Car si Blomkvist est un intolérable Don Juan, animé par des pulsions charnelles insoutenables, il découvre surtout le passé trouble d’une famille Vanger aux membres (complètement) déjantés. Et cette folie est parfaitement retranscrite, tandis que l’effroi vous prend à la gorge lors de certains passages particulièrement tordus (cf. la relation Lisbeth/Bjurman). A cela, l’auteur compose avec des thèmes risqués comme le nazisme (la Suède a un passé lourd de ce côté-ci), l’antisémitisme et l’inceste, dont la plupart restent malheureusement en suspens sans plus de détails. On peut alors légitimement se demander si l’auteur n’en a pas trop fait ? Sans doute que oui, mais cela n’empêche pas le lecteur de demeurer fébrile d’un bout à l’autre.

On sent parfaitement que l’auteur est un journaliste avant d’être un écrivain, et c’est l’une des autres qualités de cette fiction : l’intrigue se veut logique du début à la fin, et peut se targuer de références directes à la réalité. Qu’il s’agisse d’économie, d’informatique, d’histoire ou de sexe, l’auteur ne laisse pas sa chance à l’approximation et explique précisément ce qu’il avance. De fait, les entreprises fictives de Millenium trouvent leurs équivalents dans nos sociétés, et c’est un portrait fidèle de ce que ces dernières sont devenues qui est alors fièrement dressé. Par ailleurs, le dernier tiers du roman, franchement inutile au regard de l’intrigue, entreprend une franche critique de ce qu’est devenue l’économie : une illusion bercée par la spéculation boursière plutôt que par la vraie production humaine.

[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

Conclusion |

[Culte] Millenium (T.1), de Stieg Larsson

Millenium est un thriller avant d’être un polar, doté d’une intrigue parfaitement maîtrisée. On finit par s’attacher tant à M. Blomkvist qu’à L. Salander, de petits êtres qui cherchent à faire s’écrouler les géants de la finance sans jamais douter. La profondeur psychologique des personnages est à la mesure de l’atrocité des situations auxquelles ils sont confrontés, et aucun d’entre eux n’est exempt de tout reproche. Certes inégal, ce premier volume n’a pas volé son titre de best-seller.

Après avoir perdu un procès en diffamation, Mikael Blomkvist, brillant
journaliste d’investigation, démissionne de la revue Millénium et
ressasse son dépit. Il est contacté par un magnat de l’industrie qui lui
confie une enquête vieille de quarante ans : sur l’île abritant
l’imposante propriété familiale, sa nièce, Harriet Vanger, a naguère
disparu, et il reste persuadé qu’elle a été assassinée. Si ce n’est pas
exactement le hasard qui réunit Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander,
réchappée des services sociaux et génie de l’informatique, c’est une
vraie chance, car la jeune femme va bien vite s’imposer comme le
meilleur atour du journaliste pour élucider l’affaire. L’intolérance,
l’hypocrisie, la violence et le cynisme de notre monde contemporain -
aux niveaux politique, économique, social, familial – sont les ressorts
de ce polar addictif, au suspense insoutenable, qui a enthousiasmé des
millions de lecteurs. 

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