Michael Pinson tente de faire survivre son peuple, alors que l’Histoire accélère. Plus les élèves jouent plus ils ont de difficulté à créer un autre scénario que celui de la première Terre. Comme si l’Histoire était une fatalité, comme s’il n’y avait qu’une manière de faire évoluer les civilisations. Mais Michael n’a pas comme préoccupation que la survie des mortels qui le vénèrent, il doit aussi gérer des problèmes dans son quotidien. Il est amoureux d’Aphrodite, déesse de l’amour. Il doit essayer de ne pas se faire tuer par le Déicide, cet élève tricheur qui élimine directement ses concurrents à coups de foudre. Enfin il doit essayer de comprendre ce qu’il fait là. Construit comme un livre initiatique, « Le Souffle des Dieux » est un cheminement dans un monde fantastique de rêve mais aussi une réflexion philosophique sur l’histoire de l’humanité et le sens de ses coups de théâtre.
Géopolitique d’un monde fantasmé
Avec Nous les dieux, Bernard Werber avait choisi, et bien lui en a pris, de faire perdurer les aventures de Michael Pinson, simple mortel puis ange, élevé au statut d’élève-dieu. L’originalité de l’intrigue avait peu de chances de laisser son lecteur de marbre : une école où l’on apprend à créer des communautés humaines et à poser les fondements d’une civilisation nouvelle digne de ce nom. Mis en concurrence avec les 143 autres élèves qui composaient sa promotion exclusivement française, il en reste aujourd’hui moitié moins puisque chaque professeur décide d’éliminer ceux qu’ils ont jugé être les moins bons lors de leur propre cours. Et, mine de rien, on s’est nous aussi attaché à ces « troupeaux humains » manipulés par des amateurs qui, bien souvent, improvisent sans jamais obtenir les résultats escomptés.
Bernard Werber continue, avec Le souffle des dieux, la théorisation de ce qui a construit nos civilisations ainsi que les caractéristiques immuables qui ont entraîné la chute de certaines d’entre elles. Alors que j’exposais la possibilité que l’auteur « se tape un trip » dans la critique du premier volume, force est de constater que ce nouvel opus ne me contredit en rien. Les communautés créées par les élèves retracent une histoire similaire à celle de notre propre Terre et l’on nous dresse de légendaires parallèles avec Jésus, César ou Hannibal… mais M. Pinson, bien trop attaché à sa création, passionne également le lecteur au travers de sa détermination absolue et de sa volonté de permettre à ses populations d’accéder à l’utopie qu’il n’atteindra jamais lui-même.
» On trouve toujours meilleur que soi »
Mais au-delà des étapes qui permettent aux hommes de fonder des cités et de l’importance de la guerre, B. Werber poursuit l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu, fictivement rédigée par le personnage d’Edmond Wells, et permet au lecteur d’accumuler une multitude de renseignements qui agrémenteront sa culture générale : comme pour le premier volume, l’auteur alterne un extrait de cette fameuse « encyclopédie » et un paragraphe qui met en scène l’histoire à proprement parler ; tous les thèmes y sont abordés, qu’il s’agisse de mythologie greco-romano-égypto-nordico-gauloise, de religion monothéiste, de l’histoire des porcs (saviez-vous qu’on prescrivait du valium à ces bêtes, car elles sont trop angoissées à l’idée de finir à l’abattoir ?), des tigres aux dents de sabre…
J’ai également trouvé que B. Werber se laissait moins aller à exposer des théories sans fondements scientifiques ou historiques prouvés. Par la même occasion, la « philosophie grand public » à laquelle il nous a habitué paraît ici plus poussée, et certaines parties sont véritablement intéressantes au point de se laisser le temps d’y réfléchir (par exemple, l’idée que le gouvernement qui voudrait éviter une révolution dans le sang en la mettant de lui-même en application ne contentera pas le peuple, quand bien même ce dit-pouvoir aurait exaucé tous leurs souhaits). Et, tout comme dans Nous les dieux, Michael Pinson n’abandonne pas sa quête d’explorer les dimensions supérieures : il a découvert les maîtres-dieux, mais qu’y a-t-il au-dessus d’eux ? Zeus en personne ? Et, au-dessus de ce dernier, pourquoi n’y aurait-il pas encore un niveau supérieur ?
Conclusion |
Le souffle des dieux ne trahit aucunement le tome qui le précédait et poursuit les péripéties d’un Michael Pinson qui, en enquêtant sur les secrets de l’univers, se cherche lui-même. Conscient d’être manipulé mais impuissant, il joue un jeu dangereux dont il ignore tout jusqu’aux règles et perd peu à peu la tête. Lui qui pensait savoir tant de choses, fier d’une dizaine de réincarnations et d’un curriculum vitae sur lequel il pourrait inscrire « élève-dieu, promotion française », il apprend à ses dépens qu’il y a toujours meilleur que soi.
Après avoir perdu un procès en diffamation, Mikael Blomkvist, brillantjournaliste d’investigation, démissionne de la revue Millénium et
ressasse son dépit. Il est contacté par un magnat de l’industrie qui lui
confie une enquête vieille de quarante ans : sur l’île abritant
l’imposante propriété familiale, sa nièce, Harriet Vanger, a naguère
disparu, et il reste persuadé qu’elle a été assassinée. Si ce n’est pas
exactement le hasard qui réunit Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander,
réchappée des services sociaux et génie de l’informatique, c’est une
vraie chance, car la jeune femme va bien vite s’imposer comme le
meilleur atour du journaliste pour élucider l’affaire. L’intolérance,
l’hypocrisie, la violence et le cynisme de notre monde contemporain -
aux niveaux politique, économique, social, familial – sont les ressorts
de ce polar addictif, au suspense insoutenable, qui a enthousiasmé des
millions de lecteurs.