Quelque part, loin, très loin, se trouve une île que ses habitants appellent Aeden. Là, perchée sur un haut plateau, une ville : Olympie. Dans son cœur, une étrange institution, l’Ecole des Dieux, et ses professeurs : les douze dieux de la mythologie grecque, chargés d’enseigner l’art de gérer les foules d’humains pour leur donner l’envie de survivre, de bâtir des cités, de faire la guerre, d’inventer des religions ou d’élever le niveau de leur conscience. [...] Mais la vie sur Aeden n’est pas le paradis. Un élève essaie de tuer ses congénères, un autre est tombé fou amoureux du plus séduisant des professeurs, Aphrodite, déesse de l’amour, et tous se demandent quelle est cette lumière là-haut sur la montagne qui semble les surveiller… Après Les Thanatonautes et L’Empire des anges, Bernard Werber nous entraîne encore plus loin dans la découverte des spiritualités et des mythologies. [...] » Et moi, si j’étais Dieu, je ferais quoi ? «
La cristallisation d’un fantasme
Bernard Werber, auteur français réputé dans le monde entier (plus de 15M de livres vendus), pose dès lors l’une de ces fameuses questions qui vous a sans doute turlupiné, un jour ou l’autre : « Et si j’étais Dieu, qu’est-ce que je ferais ? ». Corde sensible qui anime tant notre égo que notre imaginaire, cette interrogation se suffit presque à elle-même dans la composition de l’intrigue. Nous les dieux, rappelons-le, est certes le premier volume de la trilogie du Cycle des dieux, mais aussi la suite d’une vaste saga amorcée par le best-seller Les fourmis. En effet, bien que la dite-saga appartienne plus précisément à la Pentalogie du ciel qui regroupe Les Thanatonautes (qui n’a connu de succès qu’une fois le format poche publié), L’Empire des anges et le Cycle des dieux, Nous les dieux est entrecoupé d’extraits d’une encyclopédie imaginée par Werber, déjà présente dans la trilogie des fourmis, et rédigée par un personnage fictif dénommé Edmond Wells (mentor du héros et, par ailleurs, très ressemblant à l’entomologiste Edward O. Wilson).
La force de ce roman, et de tous ceux qui composent l’oeuvre de B. Werber, se trouve justement dans le fait que le lecteur puisse, d’une part, retrouver les personnages auxquels il s’est attaché dans un tout autre contexte et, d’autre part, aborder n’importe quel volume sans avoir nécessairement à lire les précédents. De même, l’alternance werberienne traditionnelle d’un extrait de l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu et d’un paragraphe propre à l’histoire déployée fait d’une pierre deux coups : le premier apporte un vrai élément de culture générale au lecteur (il peut s’agir de sociologie, de criminologie, de mythologie, d’astrologie, d’historologie… euh, de faits historiques) tandis que le second utilise les informations du premier comme base des évènements mis en scène pour les personnages (par exemple, dans Nous les dieux, chaque extrait de l’Encyclopédie se rapportant à un dieu signifie que le héros fera la rencontre de ce dernier dans le paragraphe suivant). Certes, les extraits de cette encyclopédie fictive peuvent être accusés de faire office de « remplissage » et occupent effectivement la moitié du roman, mais ce que l’on y apprend est si intéressant et méconnu que le roman mérite d’être lu pour ces seuls passages.
La théorisation de l’au-delà
Etudiant en criminologie puis journaliste scientifique, B. Werber assume parfaitement son parcours et retranscrit son goût pour les sciences dans ce qu’il écrit. Pour autant, peu importe la complexité apparente du sujet, l’auteur parvient à expliquer avec clarté et, surtout, à rendre intéressant chaque théorie qu’il avance. Mieux encore, ces dernières se retrouvent parfaitement intégrées dans la fiction vécue par les personnages et B. Werber ne fait donc pas un pompeux étalage de ses connaissances. D’abord mortel puis ange, le héros, Michael Pinson, se retrouve à troquer ses ailes contre une toge d’élève-dieu profitant des leçons de professeurs illustres qui égayent habituellement les rangs du panthéon grec. Bien sûr, il n’est pas seul et appartient à une promotion uniquement française : à ses côtés, des individus célèbres de tous horizons tels Jules Verne, P-J Proudhon, Voltaire, George Méliès, Mata Hari (néerlandaise, certes, mais fusillée en France… CQFD) et d’autres, à l’instar du héros, sans la moindre notoriété.
Le programme est simple : apprendre à devenir un dieu compétent, qui saura créer un monde et gérer les collectivités humaines jusque dans leurs réincarnations (B. Werber part effectivement du principe que tout être humain se réincarne après sa mort, ou élève son niveau de conscience en devenant un ange si il a obtenu le quota de points requis, non pas en fonction de ses « bonnes actions » mais de son « utilité à la collectivité »). Le roman repose ainsi sur une intrigue classique mais efficace en mettant en scène ses personnages, adultes et pas vraiment consentants, dans un système scolaire qui ne manquera pas d’idéaliser le quotidien vécu par le lecteur-étudiant, ou de rendre nostalgique le lecteur-vie active.
Néanmoins, bien que l’intégration de faits réels dans la fiction soit parfaitement maîtrisée et rende le récit d’autant plus prenant, on peut légitimement se demander s’il n’y a pas là surenchère ou si, plus simplement, le cycle ne tombe pas dans la facilité. Notons par ailleurs que l’auteur opte pour un style particulièrement plat, qui correspond bien à sa pensée que c’est « l’idée » qui importe et doit primer. Il semble en réalité qu’il s’agisse d’une mauvaise manière d’aborder le sujet, puisque B. Werber, en fait, se lâche complètement. L’auteur s’amuse à faire vivre, à sa manière, des personnages ayant réellement existé avec d’autres que l’on soupçonne n’avoir été que des légendes (il avance d’ailleurs la théorie que les dieux mythologiques ont sans doute été des mortels dont les prouesses auraient été largement embellies). Vas-y que je te mets en scène une horde de centaures, de chérubins et ptérodactyles ; vas-y que je te parle architecture avec Gustave Eiffel, de cinéma avec Marylin Monroe (oui, elle est américaine et morte à Los Angeles et non, ce serait trop long de vous expliquer le pourquoi du comment dans cette critique) ou d’espionnage avec Mata Hari ; vas-y que je te créé une civilisation humaine en quelques jours qui vénérera l’élève-dieu à son origine. B. Werber voit grand, mais ne tombe jamais dans le n’importe quoi.
Conclusion |
Ce roman n’est pas un chef-d’oeuvre ni même un livre « bien écrit ». Certains qualifieront Nous les dieux comme un « trip » qui réunie mythologie, études comportementales et théories parfois sujettes à controverse (en effet, il est certain que l’auteur avance souvent des explications comme si elles avaient été prouvées), mais les quelques 400 pages sont indubitablement vivantes. Quant aux amateurs de légendes, de mythes et autres fantaisies, ils seront absolument ravis ; tant par la richesse des informations de l’encyclopédie fictive, particulièrement intéressantes et souvent méconnues, que par la fluidité et la simplicité avec laquelle B. Werber développe une histoire qui assume son tiraillement entre originalité et clichés.
Après avoir perdu un procès en diffamation, Mikael Blomkvist, brillantjournaliste d’investigation, démissionne de la revue Millénium et
ressasse son dépit. Il est contacté par un magnat de l’industrie qui lui
confie une enquête vieille de quarante ans : sur l’île abritant
l’imposante propriété familiale, sa nièce, Harriet Vanger, a naguère
disparu, et il reste persuadé qu’elle a été assassinée. Si ce n’est pas
exactement le hasard qui réunit Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander,
réchappée des services sociaux et génie de l’informatique, c’est une
vraie chance, car la jeune femme va bien vite s’imposer comme le
meilleur atour du journaliste pour élucider l’affaire. L’intolérance,
l’hypocrisie, la violence et le cynisme de notre monde contemporain -
aux niveaux politique, économique, social, familial – sont les ressorts
de ce polar addictif, au suspense insoutenable, qui a enthousiasmé des
millions de lecteurs.