Aujourd’hui, j’ai tué mes enfants.

Aujourd’hui, il faisait beau. Aujourd’hui, j’ai tué mes enfants. J’ai effacé leur père de ma vie. J’ai pris ma voiture et j’ai fuis ce qui m’enferme et me contraint sans arrêt aux désirs des autres.

Aujourd’hui, j’ai pris un auto-stoppeur sur la route. Je me suis laissée draguer parce que j’aime discuter, j’aime séduire aussi. Parce que ça me manque tous les jours.

Aujourd’hui, j’ai voulu voir les côtes anglaises. Avec un temps pareil, elles devaient être magnifiques. J’ai roulé plus d’une heure, pas vite, parce que je n’étais pas pressée. Personne ne m’attendait. Pas même l’Angleterre.

Aujourd’hui, j’ai marché pieds nus dans le sable. C’était froid. Je n’ai pas approché la mer, mais le vent m’en apportait l’odeur saumâtre. J’ai marché dans le sable comme une gamine de dix ans. J’ai couru aussi.

Aujourd’hui, j’ai attendu que le soleil se couche sur la mer. Parce que j’en avais envie, juste pour ça. Je n’avais plus de responsabilité, le temps n’avait aucune importance. Rien que moi, le sable, le vent et la mer.

Aujourd’hui, il faisait beau et j’ai tué mes enfants. Sans regret.