Bon, voilà un sujet qui fâche les anti-numériques et les pro-numériques (les ni-pour-ni-contre s’en tapent un peu à mon avis) : avec le livre numérique, on a plus l’odeur du papier !
Non, c’est vrai, mais
C’est quoi l’odeur du papier ?
C’est un mélange de cellulose et de poussière ou dans le cas d’un livre neuf (j’adore l’odeur des livres neufs) de la cellulose et du solvant de l’encre.
En quoi c’est agréable de sentir la poussière ou le solvant ? En quoi l’odeur de la cellulose serait meilleure que celle du plastique ?
C’est agréable parce que c’est lié au souvenir de la découverte de la lecture, à la poussière qui s’étale sur les étagères, à la moisissure qui pénètre les livres (je crois que c’est pour ça que j’aime pas l’odeur des vieux livres…).
Ce qui rend l’odeur du papier agréable aux yeux de tous, ce sont les souvenirs qui y sont liés !
L’étagère, la bibliothèque, l’école, le salon, la librairie… Tous les lieux dans lesquels on a découvert, on a appris la lecture. On a ressenti nos premières émotions de lecteur. Pas l’odeur en elle-même !
Les liseuses numériques sont des objets tactiles : on les prend, on les touche, on les manipule tout aussi bien que des livres papiers. Ils ont une odeur, différente certes, mais ils en ont quand même une ! Le plastique et l’ozone.
Nous sommes une génération entre deux : nous avons connus le papier de notre enfance et voilà qu’on nous impose une odeur différente, un toucher différent.
Forcément nous la rejetons : tous les humains sont des vieux réacs, ils n’aiment pas la nouveauté, du moins pas celle qui rend leurs chers souvenirs caducs. Nous aimerions que nos enfants connaissent cette odeur particulière qui nous a bercé enfant. Mais, c’est imposer NOS souvenirs !
Je vois mes enfants grandir avec des ordinateurs, des jeux vidéos, des GPS (trèèès pratique le GPS en voiture pour éviter les ennuis avec ses enfants, BB1 veut un GPS pour son anniversaire d’ailleurs… ok, il croit que c’est comme une Nintendo-DS ), bref, leurs souvenirs seront DIFFERENTS des miens !
Tout comme les miens ont été différents de ceux de mes parents…etc…
Alors oui, quand ils seront grands, peut-être (et avec leur père bouquinophage-papivore, c’est même pas sûr), peut-être qu’ils n’auront pas la nostalgie de l’odeur du papier… Mais qui vous dit qu’ils n’éprouveront pas le même sentiment pour leur liseuse numérique ? Préférant le plastique et l’ozone à la cellulose et au solvant, mais appréciant toujours cette odeur subtile de la poussière !
Oui, parce que les engins électroniques sont des nids à poussière tout autant que les bouquins !