J’avais oublié comme c’est beau. Cela faisait un moment que je n’avais franchi les Alpes en avion, au début du printemps et sous la soleil. Les alpes s’ouvrent à la vue du voyageur qui les domine depuis la cabine d’un avion qui file tranquillement à quelques milliers de mètre d’altitude. Bien sûr, je ne peux m’empêcher de penser à l’Himalaya qu’on ne survole pas. La montagne géante au cœur de l’Asie, on la contourne, on la respecte de loin. Nos Alpes semblent toutes petites si l’on pense à leur grande cousine de l’est, mais qu’est ce que c’est beau.
D’abord, on les voit au loin, comme une barrière qui se dresse sur notre route. On a l’impression que l’avion ne pourra les
dépasser. On est au dessus d’autres montagnes, moins hautes, dont seuls les plus hauts sommets, dont seuls les versants exposés au nord sont encore enneigés. Et puis une vallée se présente et on
voit s’approcher les hautes montagnes. Le pilote annonce que nous allons passer au dessus de Zurich, nous avons dépassé le Jura. Par le hublot, j’aperçois les hauts sommets, je crois reconnaître
le Mont Blanc qui offre son dôme.
La masse est encore blanche, on ne distingue pas les glaciers de la neige de cet hiver qui bientôt fondra. D’ici, tout en haut,
je peux distinguer ces étendues blanches où personne ne va, où aucun fou ne va poser ses skis.
Et déjà, nous avons dépassé les Alpes, c’est l’Italie. Bientôt, nous laissons Turin, puis Milan et très vite la Méditerranée
s’offre au regard. En quelques minutes, le blanc est devenu bleu. JE peux deviner les stations balnéaires sous l’avion et les plages désertes. C’est à peine le début du printemps et de toute
manière l’heure est très matinale.
D’autres sommets blancs apparaissent au loin. La Corse. Et l’ile d’Elbe se dessine dans une brume légère. Je ne la vois, parce
que je suis du mauvais côté de l’appareil, je sais que nous avons dépassé une autre touche blanche, moins massive, les carrières de Carrare.
Cette fois, le pilote annonce, la descente. Encore quelques minutes et nous serons à Rome. Je n’aurais pas de surprise, je suis
déjà venu de nombreuses fois à Fiumicino, je vais retrouver son voisinage campagnard et si italien. Bientôt, je pourrais apercevoir les toits qui sont si différents de ceux des maisons en briques
rouges de chez moi. Déjà, je distingue les villes, mais nous sommes encore trop haut pour que les détails soient visibles, nous pourrions être à peu près n’importe où en Europe, ce ne serait pas
très différent. Petit à petit, nous sommes plus proches di sol et on commence à ressentir l’Italie. Certes, il manque les odeurs, on ne peut qu’imaginer. Et nous ne sommes qu’au début du
printemps.
Nous logeons la côte, on peut se rendre compte qu’en dessous de nous, le paysage est fait de collines, certaines boisées. Un
panache de fumée s’élève d’un champ. Elle est blanche, sans doute fait on brûler de vieilles herbes. La terre est verte. Rome n’est plus très loin maintenant. On distingue le rouge rosé des
toits, celui des pays du sud de l’Europe, qui pâlit sous le soleil quand les tuiles du nord conservent leur couleur vive.