Magazine Journal intime

Jour 50

Publié le 29 mars 2011 par Miimii
Jour 50

Je ne vivrais pas le remake, de Sam, y a pas moyen.

En parlant de Sam, étant donné que nous sommes en plein dans la création d’un projet commun, nous sommes en contact quotidiennement. Je l’avais prévenu que je venais pour quelques jours, et je ne m’attendais pas qu’il vienne me chercher à l’aéroport et il n’est pas venu. Ce vol était si long, je me sentais si seule, la solitude me ronge en ce moment, elle n’est pas d’aujourd’hui, elle fait bien partie de moi. Les pires moments sont ceux où je me retrouve seule avec moi-même à m’entendre penser. Je me pense incapable de remise en question, mais pourtant ma conscience me torture justement pour me regarder en face et m’affronter telle que je suis réellement. Quand l’avion a atterri, je respire enfin de soulagement. Avez-vous déjà vu une personne claustrophobe qui ne supporte pas d’être enfermée dans sa tête?

Et dans le taxi, je m’occupe à parler avec le chauffeur, jusqu’à arriver à la Rue Blanche, les ailes du Moulin Rouge m’apaise. A Paris pour quelques jours, je vais faire un break avec ma real life.

Sam est passé le premier soir chez moi, il faisait mine d’être froid, et distant, mais j’ai fait mine de ne pas m’en rendre compte. A comédie, comédie et demi. On a parlé boulot, puis il m’a invité à faire ce que je fais tjrs par superstition depuis que je connais Paris, le premier soir, c’est un Paris by night, en voiture autour des quais de Seine.

On parle boulot et de tout et de rien. Puis il m’invite à dîner au Relais de l’Entrecôte de Montparnasse, un de nos lieux de prédilection. Il voyait que rien ne bougeait en moi, aucune émotion. Il n’arrivait plus à maîtriser son étonnement. Mais comme à son habitude, il ne dit rien.

Quant à moi, je ne dégageais aucune émotion, j’étais simplement inerte. Je ne sais pas ce qui m’arrivait, black out... Comme si j’étais robotisée, je vivais le moment.

Au moment de partir, il me propose : « Tu viens dormir à la maison ? »

L’idée ne fait qu’un tour dans ma tête. Je n’ai pas eu de nouvelles de D. mais je n’y ai même pas pensé, et de ce fait, je n’ai aucune excuse vis-à-vis de moi-même pour faire la gamine gâtée pourrie qui se pardonne ses propres conneries sous prétexte de non assistance à sa petite personne en danger d’inconscience, et je dis... « Oui, je n’ai pas envie de dormir seule. »

Hautaine et absolument odieuse, je n’ai pas dit un mot de plus, même pas un « merci » de convenance.

Moi et Moi ne se comprennent plus...Il ne faut pas que je croise de miroir, une partie de moi tente de vampiriser l’autre. Je me sens un peu comme Natalie Portman dans Black Swan, ce soir, je suis le cygne noir qui martyrise le blanc.

On va chez lui après être passés chercher ses affaires. Arrivés devant son immeuble, je sens l’angoisse s’emparer de moi, et en un laps de temps record, une énorme boule me monte de l’estomac qui se tord et jusqu’ dans la gorge et dans l’ascenseur, je craque et je me mets à pleurer. Il ne comprend pas ce qui m’arrive et d’ailleurs moi non plus. Il est effaré, et je me jette dans ses bras. C’est une grosse crise de larmes, des grosses larmes comme des gouttes de pluie, j’essaie de parler mais je n’y arrive pas. Mon regard effrayé témoignait du fait que moi-même, je ne savais pas ce qui m’arrivait. Du regard, j’appelais au secours.

Quand on entre dans son appartement, je m’assois sur le canapé et j’essaie de reprendre mes esprits, et de reprendre tout doucement mon souffle.

Il m’a ramené de l’eau et me caresse les cheveux. « Qu’est ce que tu as ma chérie ? »... il m’essuie les joues. Je le regardais comme je regarderais mon papa. J’ai mis ma tête sur son genou, et il m’a caressé les cheveux comme le fait Maman.

Et je commence à parler en m’étranglant avec mes propres déglutitions de culpabilité.

« J’en ai juste marre d’être moi, ..., je crois qu’il faut que j’ai toujours un psy à proximité pour vérifier si je suis normale à tout moment. Quand je te regarde, je veux jouer avec tes sentiments parce qu’on a vécu ça dans le passé. Et puis, d’un autre côté, je veux ma revanche sur le soir, où j’ai failli tomber amoureuse de ce que tu faisais pour moi, et où tu m’as planté en plein milieu d’une soirée pour rentrer avec une autre... ou pas. Tu m’as plantée, après m’avoir traitée comme une princesse. Personne ne l’a fait avant toi, si... mon papa, ton ami. Pourquoi une partie de moi veut-elle entretenir une relation avec toi ? Pour faire chier mon père ou peut être le tuer ? Pourtant c’est la personne que j’aime le plus au monde, mais qui aussi m’a fait le plus de mal ... cette ambigüité amour/souffrance m’assassine. Là je t’ai fais ma propre analyse Freudienne et la mise en évidence de mon complexe d’Electre, avant de passer à ton cas. T’es pas un mec, t’es un homme, un ami à mon père, tu es le proscrit, l’interdit, l’impossible et pourtant je suis là. Peut être que je t’identifie à mon père. Tu as couché avec ma mère ?... (il me répond pas, il sait que je délire.) Pourquoi je suis là ? Pour bosser avec toi ? Tu sais aussi bien que moi que chacun d’entre nous aurait pu faire autrement pour mener à bien ses projets. Mais je suis la jeunette qui reste dans un coin de ta vie pour te rendre ta confiance en toi, quand tu en doutes, après une nuit ou deux et parallèlement, quand il m’arrive une couille, je sais que si je prends un billet d’avion, tu seras de l’autre côté de la méditerranée pour me donner un réconfort que personne ne comprendrait ou ne cautionnerait nulle part et ça me fait kiffer de prendre mon pied dans la prohibition.

Figure toi aussi, je suis celle qui peut te faire perdre ta crédibilité et des amis et parallèlement, tu peux me faire perdre la confiance de ma famille et jusqu’à leur estime. L'arme est à double tranchant. Notre relation, si on peut lui donner ce nom, me dégoûte autant qu’elle m’excite. Elle me sort de la réalité et de dictats sociaux. Mais aussi elle m’éloigne de ce qui m’attends, et ce qui m’est demandé, j’en ai marre d’être Myriam, qui transforme en or tout ce qu’elle touche, sauf sa personne... Regarde, j’ai beau me toucher, jusqu’à m’en donner des bleus... rien n’y fait, je ne supporte rien en moi. Etre paranoïaque signifie qu’on a tjrs peur qu’on nous fasse du mal, de l’extérieur, moi j’ai l’impression que je me veux toujours du mal à moi même de l'intérieur. J’ai tellement à faire avec moi-même, que je n’ai pas le temps de voir plus loin que le bout de mon sublime nez.

Je ne sais pas ce que tu ressens, et je m’en fous, tu ne vois pas que tout ce qui compte c’est moi ? Je viens dormir ici, et je ne veux pas que tu me touches, je viens dormir ici parce que je ne veux pas dormir seule, acceptes le comme ça.

Et puis, je te fais du mal, je m’en doute... et pas qu’à toi. J’en ai fait du mal autour de moi, mais quand je n’ai pas de rapports rapprochés ou affectifs avec mes victimes c’est un jeu d’enfants. Par contre, quand ces gens là sont de retour dans ma vie, je me dis qu’est ce qui m’assure qu’ils n’ont pas pour seul objectif la vengeance, pour me rendre la pareille du mal que je leur ai causé, et pourquoi ,de ce fait, un délicieux moment, se transforme en un affreux cauchemar ? Ce qui doit déboucher sur le l’amour et les émotions positives devient, doute et paranoïa ?


Ce n’est pas de toi que je parle, évite de gamberger pour rien... » (le ton que j’utilise est à la limite de la méchanceté)

Je me tais, il garde le silence... Je soupire... et je reprends :

« Je ne veux pas te faire du mal, mais je sais que tu es quelqu’un qui peut m’en faire, pour ça j’ai une mémoire d’éléphant, alors je dois te garder loin de mon cœur. Mais jusqu’à quand ?... et si je fais ça avec toutes les personnes que je suis susceptibles d’aimer, qui pourrait combler ce manque d’affection qui fait de moi ce monstre, je vais finir seule ? et toujours aussi mal dans ma peau ?... Bon ça suffit, je suis lessivée. »

Je me tais, il garde le silence... Je soupire... et je clos :

« Je m’excuse Sam, sincèrement, mais je n’y peux rien... Je suis comme ça. »

J’attends qu’il fasse un geste, pourtant il continue de me caresser les cheveux et ne dis rien.

Dans un soupir, « On peut ne pas en parler demain ? »

Il fait un geste de la tête, je le sens bouger, je lève les yeux vers lui, il me regarde droit dans les yeux, ils sont embués, des larmes ? Il veut dire "oui, on n'en parlera pas demain" d'un signe de la tête, il se mord les lèvres, inexpressif.

Est-ce que je lui ai fais mal à ce point ?

...

...

Ou alors, est ce qu’il est seul aujourd’hui, et dans cet état à cet instant, parce qu’il se revoit en moi ?

...

...

Je ne veux pas finir comme lui.

Dans mes pensées, je pense que je finis par m’endormir sur ses genoux, sans penser au lendemain, où nous rencontrons un fournisseur à 10h du matin.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Miimii 14 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Ses derniers articles