Aucun répit

Les flans,
Ce soir, après une dure journée de labeur à envoyer des mails aux mauvaises personnes (mais elles s’appellent toutes Linda dans cette boîte, c’est pas de ma faute), j’étais invitée à faire dînette chez ma voisine de deux immeubles après le mien, qu’en fait c’est une vieille amie des parents.
Geneviève, quand on avait calé ça dans nos agendas, m’avait demandé si je préférais venir pour l’apéro ou la tisane. Je lui ai laissé un message sur son répondeur qui disait en substance : « mais comment OSES-TU poser la question ? »
Geneviève m’a fait manger dix-huit saucisses cocktail (c’est pas comme si j’avais mangé QUE des Knacki hier soir) (avec une soupe), 12 blinis au tarama, 1 grain de raisin, 4 apéricubes.
Geneviève, au cours de la discussion, m'a appris que sa meilleure copine était la grand-mère de ma prof de gym suédoise, un truc de malade.
Geneviève, 75 ans, ma raconté sa dernière teuf et comment elle s’est ruiné les chevilles hier avec des chaussures à talons. Elle assistait à la sortie d’un ouvrage de papyrologie édité aux PUPS, c’est te dire si l’ambiance devait être au top.
Geneviève n'a même pas essayé de me refourguer un de ses petits-fils. Il faut dire que le plus âgé a 22 ans et est encore glabre.
Mais surtout, sournoiserie, perfidie, elle m’a mis de FORCE du whisky dans mon jus d’orange. Malgré mon "non non non, j'ai juste mangé une salade à midi", apparemment pas très convaincant.
Alors que bon, je m’étais dit que cette semaine on ne commencerait pas le mardi.
Elle est belle l’élite universitaire française.
Et c’est comme ça que, somewhere lost in the 6eme, à 20h35, je me suis ramassée dans les escaliers entre le 3eme et le 2eme étage, quand la minuterie s’est éteinte et que j’ai dérapé sur la moquette.