Magazine Journal intime

Merci à toi

Publié le 30 mars 2011 par Mirabelle

Merci à toi que je n'ai pas revu depuis trois ans, qui est parti sans un mot, sans une explication, qui m'a laissée m'en sortir seule, me battre seule ; merci à toi, qui m'a fait voir, involontairement, ce dont j'étais capable, ce que je pouvais supporter, ce que je pouvais entreprendre pour valoir mieux. Merci à toi, merci de m'avoir forcée à puiser dans mes ressources, merci, surtout, de m'avoir fait prendre conscience que j'en avais. Merci de ne pas m'avoir donné d'autre choix que d'attendre mieux d'un homme, merci de m'avoir offert, dès ma première histoire sérieuse, ce qu'il peut y avoir de pire en l'amour : le mensonge, la trahison, l'irrespect. Merci de m'avoir montré que c'est ça, aussi, que cela fait mal, que plusieurs années de lien tacite peuvent s'évaporer en un quart de seconde et qu'il n'y a plus rien soudain, que ce vide, ce silence, et le sentiment amer que tout cela, au bout du compte, n'était rien.

Merci à toi. Merci, car quand tu es parti, j'ai mis le doigt sur le meilleur de moi-même, compris qu'"exigence" n'était pas synonyme d'"intransigeance", que désirer quelque chose de bien, de vraiment bien, était à ma portée. Merci à toi d'avoir dévoilé la face la plus basse, la plus honteuse de ta personnalité, merci de l'avoir fait : je ne voulais pas de quelqu'un comme toi pour m'accompagner tout au long de ma vie.

Trois ans que je suis sans nouvelles, trois ans que je ne t'ai pas revu. Que tu ailles bien, que tu ailles mal, que tu sois heureux ou non, je m'en fiche. Je souhaitais juste te remercier, car tu m'as rendu un fier service, tu m'as aidée, en me quittant de la manière la plus ignoble qui soit, à réveiller celle que je voulais être, qui n'attendait que l'humiliation pour se regonfler d'orgueil et décréter qu'elle valait mieux que tout cela.

Merci à toi. Parce que je me suis prise en main, que j'ai grandi, et que je l'ai rencontré. Parce que je suis bien avec lui comme jamais je ne l'ai été avec toi. Ce n'est pas par éclair, pas par bribe, c'est tout le temps, tous les jours, et moi qui n'avais connu que l'étrange malaise de n'être pas à ma place, je me dis aujourd'hui que j'ai trouvé. Que je suis avec la bonne personne. Au bon moment.

Autrefois, tu venais commenter ici, de temps en temps. Peut être liras-tu ces lignes un jour, alors j'espère avoir été bien claire : tu es celui qui m'a fait le plus de mal, et encore aujourd'hui, je persiste à penser que tu t'es débarrassé de moi comme d'un objet trop encombrant, à qui on n'ccorde plus aucune valeur sentimentale. Mais tu es aussi celui qui m'a obligée à me transcender, à me battre, à m'en remettre, et surtout à viser mieux.

Alors merci, parce qu'aujourd'hui, je l'ai, mon grand amour, je l'ai et je ne compte pas le lâcher. Je suis sûre avec lui de tout ce dont je n'avais jamais été certaine avec toi. Je n'ai pas de doute. Nous allons nous promener, lire ensemble sur les pelouses du château, nous allons à la mer, nous rions, beaucoup, nous sommes proches, complices, de véritables confidents l'un pour l'autre, nous partons en vacances l'été prochain et projetons de mettre un bébé en route dans les mois qui viennent. Alors merci. Parce que vraiment, je n'avais jamais été aussi heureuse.


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