Entre deux pastilles d'iode pour nous protéger d'un improbable nuage radioactif, qui de toutes manières sera stoppé à la frontière par Dany Boon, nous avons pu nous délecter des innombrables commentaires sur ces fameuses élections. Il est temps d'en tirer quelques conséquences, en nous appuyant sur la pensée d'Eric Cantona, l'homme qui murmurait à l'oreille des arbitres. J'aime bien Cantona. Il est un peu le dernier représentant du bon sens commun avec tout ce que cela comporte de mauvaise foi, comme lorsqu'il nous invite à vider les coffre-forts des banques ou qu'il garantit à tous un rasage sans douleur avec un Bic, alors que seuls Justin Bieber et la Couente ne souffrent pas le martyre.
Ces élections ont servi à tout sauf à élire des conseillers généraux. Certains en ont fait le cheval de Troie de leur dédiabolisation supposée (le Pen), mais les déclarations populistes n'ont jamais transformé un pitbull en labrador. D'autres se sont offerts des auto-primaires qu'ils étaient certains de remporter (Hollande en Corrèze). Mais c'est peut être la majorité présidentielle qui en a fait l'usage le plus étrange en transformant ces élections en ring. On a donc pu voir les bonnes vieilles tendances de la droite se déchirer sur la conduite à tenir face aux directives du président, orléanistes contre "bonapartistes", Guelfes contre Gibelins, Frédéric François contre François Feldman, libéraux contre conservateurs, etc. Du grand spectacle à coup de petites phrases, que Canto n'aurait pas renié. Mais rien n'est perdu pour la majorité, car la gauche n'est pas en reste, et avant de faire monter Mélenchon (le Gracchus Babeuf du pauvre) dans la Bentley de Strauss-Kahn, de l'eau aura coulé devant le Showcase.
En fait, l'exercice de la souveraineté populaire dans notre pays n'intéresse nos concitoyens qu'a deux niveaux : municipal et national. On se déplace pour élire le maire, le député et le Président. En gros, on se passionne pour les grands et petits chefs, locaux ou à l'échelle de la nation. Qui connaît le conseiller général de son canton ? Je dirais même que malheureusement beaucoup ne savent même pas ce qu’est un canton.
Les medias l'ont bien compris, et à aucun moment cette élection n'a été traitée en tant que telle, c'est-à-dire comme la désignation de représentants intermédiaires. On a donc eu droit au "dernier grand test avant 2012" à toutes les sauces. A trop secouer le calendrier maya sous le nez des électeurs, on a perdu l'objectif initial, et ces derniers ont préféré rester chez eux profiter du serpent à plumes. Jamais il n'a été question des élections cantonales. Pas d'élection, pas d'électeur nous dirait Éric, et il a bien raison.
En gros nous avons eu droit à beaucoup de choses, mais pas vraiment à de la politique. Une vraie fausse élection locale qui ne concerne personne, mais qui permet aux médias de remplir leurs colonnes à moindre frais. Gageons que la qualité des propositions sera meilleure dans quelques mois, surtout si Ségolène décide bravement d’aller jusqu’au bout de ses désirs d’avenir.
Le mandat de mon conseiller général n’était pas renouvelable, je ne suis pas allé voter… par ABC