Jacques Lacarrière | La criée des avoines

Publié le 30 mars 2011 par Angèle Paoli
«  Poésie d'un jour


Ph., G.AdC


LA CRIÉE DES AVOINES

Depuis qu’ont crié les avoines, il n’est rien
Demeuré de l’extase des néfliers et sur les fleurs
Seule est restée la détresse des papillons.

Si longtemps je m’étais blotti
Entre les siècles des sainfoins
Pour guetter l’aveu de midi
Et apprendre de sa blessure
Pourquoi les blés se sacrifient.

Mais l’inévitable est venu lorsque les avoines ont crié.
Au plus secret de la moisson, là même où la faux s’arrêta,
J’ai vu sur la joue de l’été perler le sang des crucifères.

Que faire de la Résurrection
Quand les épis n’ont plus de voix
Et que l’aube même est brûlure ?

Brasier stérile des buissons.
Aucun visage ne viendra plus
Sur le Sinaï des sillons.
Ni aucun ange. Le ciel s’est tu
Depuis qu’ont crié les avoines.

Jacques Lacarrière, À l’orée du pays fertile, Œuvres poétiques complètes, Seghers, 2011, page 240.



JACQUES LACARRIÈRE

■ Jacques Lacarrière
sur Terres de femmes

→ 17 septembre 2005 | Mort de Jacques Lacarrière
→ 20 septembre 1971 | Mort de Georges Séféris (le dernier poème de Georges Séféris extrait de L'Été grec de Jacques Lacarrière)

■ Voir aussi ▼

→ (sur Chemins faisant, le site de l'Association des Amis de Jacques Lacarrière) l'hommage de Jean Malaurie à Jacques Lacarrière
→ (sur Arcane 17) l'hommage de Fabrice Pascaud à Jacques Lacarrière
→ (sur la revue de littérature Œuvres ouvertes, de Laurent Margantin) « Se souvenir de Jacques Lacarrière »



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