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Frictions numériques (2ème épisode de Ma muse)

Publié le 30 mars 2011 par Ctrltab

Frictions numériques (2ème épisode de Ma muse)

Ca y est, c’était décidé. Emilie allait commencer à vivre sa vie. C’était signé, là, écrit en chiffres et en lettres : 1 575€ comme promesse d’un nouveau départ. Une somme pareille, certes, c’était beaucoup mais rien si on considérait le futur bonheur qui l’attendait…

« Vous ne le regretterez pas, je vous assure », lui affirma encore une fois Mona, sourire inextinguible aux lèvres. « Vous allez découvrir la femme en vous. Vous allez restaurer vos énergies contre cette société qui nous oppresse jour après jour. Bravo ! Le stage commence la semaine prochaine, je me réjouis déjà ! Vous aussi, je l’espère…»

Emilie rougit, encore honteuse de son audace, émit un oui timide et prit ses affaires. Vite, sa pause déjeuner était presque terminée, elle devait rentrer au bureau. Avant de s’enfuir, elle ne put s’extraire de l’embrassade collante et chaleureuse de Mona qui la troubla malgré elle. Elle avait beau travailler dans le multiculturel, elle ne s’habituait pas au sentimentalisme bon enfant des Américains. Pour elle, comme au lycée, les DEA étaient prohibés. DEA ? Démonstration Excessive d’Affection…

Elle dévala les cinq étages des escaliers en colimaçon du vieil immeuble du Marais où se cachait l’Institut de la médecine d’O, caressa la rampe verte d’une main filante, s’imagina un instant fuir un amour transi, non, ce n’était pas encore ça, mais quelque chose d’interdit dans tous les cas. Yes, I did it ! C’était un peu comme son premier midi à deux à l’hôtel Amour, non ? Cela lui rappela son dernier émoi érotique. La fréquentation assidue des spas norvégiens lors de son année d’échange, la vue des corps mélangés et transpirants… La tentation, la chaleur, rien parfois, des dérapages à d’autres… Oh, la, la, 10 ans…déjà…

Les gens dans le métro devineraient-ils à son visage ce qui l’agitait ? Ses pensées cochonnes. Elle n’avait pas encore commencé son stage que déjà elle le sentait de nouveau la chauffer : son sexe. Elle se glissa dans un carré pour lire en douce l’objet de son premier délit : « Stage de Danse de l’Utérus : une source magique d’inspiration et d’exercices dynamiques pour prendre en main notre pouvoir féminin et célébrer l’origine du monde, honorer la renaissance de la maîtresse guérisseuse et accoucher de la sorcière en nous. Partages, rituels, remèdes et potions magiques. Une invitation à sublimer la beauté, la sensualité et la déesse en vous. »

Retour dans la réalité et l’open space de Tripzou. Elle fut accueillie par le désagréable Stéphane Bouton :

- Alors, Picheron, c’est à cette heure qu’on arrive ! On papillonne maintenant à midi ?


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