En 1992, la ville de Nantes avait invité Buenos Ayres au festival des allumés. Avant cette soirée, je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse réunir autant de gens autour d'une lecture de Borges, en espagnol dans le texte, d'un hidalgo à la crinière grise et la chemise noire qui chuinte un Tango ou de la scène hard-core Portenãs.
Nous avions dévoré un steack géant aux "abattoirs" et le lendemain on étaient encore assez clairs pour assister au passage de la grande parade de la véritable histoire de France par le Royal Deluxe. Le festival coincidait avec le retour du Cargo 92, avec la Mano Negra et les compagnies Philippe Decouflé et Philippe Genty, d'une tournée en Amérique de Sud.
Je n'en ai gardé que des images isolées : Marie-Antoinette dont on appercevait les jupons quand elle saluait la foule relevant ses jupes en tulipe orageuse ; le bris du vase de Soisson et l'aventure de l'aéropostale qui faisait le lien avec l'Amérique du sud.
Un Sait-Ex d'operette, juché sur une sorte de coucou précaire, bombardait la foule de corbeilles à papier pleines de lettres d'Amour écrites par des inconnus, là-bas, pour des inconnus ici. Ils ramenaient aussi une rue de Buenos Ayres réconstituée dans le Cargo (un Tanker aménagé), mais ça frisait l'attraction touristique.
J'avais ramassé quelques une de ces lettres en pensant à Toi mais comme je ne parle pas espagnol, je ne les comprends pas. J'espère que ce sont bien des lettres d'Amour.
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