Magazine Journal intime

Après Les Alicaments, Les Ludocaments?

Publié le 01 février 2008 par Mélina Loupia
Lorsque les hautes sphères se sont enfin aperçues que les vieux se reproduisaient plus vite que les bébés, il a bien fallu qu'elles trouvent comment les maintenir en vie aussi longtemps que leur pouvoir d'achat et leur retraire le permettaient. Comme les temps sont durs et qu'ils sont visiblement pas vraiment près de s'assouplir, ça a encore plus cogité là-haut et ça s'est dit que les futurs papis et mamies devaient être en parfaite santé pour passer allègrement le cap de l'âge d'or. C'est ainsi, dans le raccourci que sont apparus, petit à petit, grignottant les parts de linéraires dans les supermarchés de plus en plus grandes, ou apparaissant à l'écran de plus en plus souvent, les alicaments. Aujourd'hui, même les enfants y ont droit. C'est dire si les matières grises en altitude voient aussi loin que haut. Les petits ne seront désormais plus enrhumés puisque protégés par le L.casei Defensis, papa et maman pourront s'en foutre plein la lampe et le gros bordel intestinal sera rangé par le bifidus actif après les fêtes et les grands-parents pourront tracer la courbe défaillante de leur taux de cholestérol sur leurs biscottes grâce à l'action  de la margarine bourrée de stérols végétaux ou faire rissoler les bolets dans les oméga3 résistants à la chaleur. Que les femmes actives ne décolèrent pas dans leurs bikinis puisque les produits diététiques visant à les faire fondre de plaisir et de taille sont omniprésents dans tous les secteurs ou sur la table, malgré l'absence de % de gras. Ainsi, après les produits laitiers sans graisse, les fromages allégés sauf en prix, les surgelés en sauce sans beurre ni farine, l'eau qui fait maigrir et rend hystérique complète le menu aussi riche en matières grasses que les financiers américains du moment. Restez mince, jeune, beau mais perclu de rides, ça le fait pas. Alors stoppez la ride en mangeant des yaourts bon pour la peau. On l'aura compris, pour qu'on consomme aussi fort à quatre-vingt qu'à vingt ans, il faut rester mince, jeune et beau dès le départ. Donc, encore par le raccourci, le corps médical peut donc se brosser Martine, aujourd'hui, pour se soigner, on ouvre le portefeuille puis le frigo. Merci Danone en blouse blanche comme le lait qui frise la correctionnelle de l'inflation. Oui, mais à quoi ça sert tout ça si on est plus capable de se recycler dans l'emploi pour gagner plus si on n'a que de très vagues notions d'anglais, ou si encore la mémoire nous fait cruellement défaut, la mémoire nous fait cruellement défaut, ou si encore on n'a que de très vagues notions d'anglais? Et si nos bras ne sont plus assez longs pour faire le point sur LePoint? Et que dire si notre cerveau lui, reflète vraiment l'âge de nos artères? Qu'à celà ne tienne Lucienne, grâce aux petis-enfants qui pètent le feu, tous dopés aux défenses naturelles renforcées qui ne sortent finalement plus de chez eux, scotchés à leurs consoles de jeux, nous aussi, parents ou grands-parents, nous avons bien le droit de nous instruire tout en nous amusant un peu. Merde, la vie est une chienne, une lutte, alors si on peut pas s'éclater... Si toutefois on arrive à négocier un prêt de la manette ou du stylet avec sa progéniture et si bien-sûr l'épilepsie n'est pas une compagne de vie, on peut à loisir se faire lifter le cerveau, lui rendant les dix-huit ans qu'on a laissés loin derrière soi, ou encore entraîner sa mémoire pour feinter le poisson rouge dans son bocal ou qui sait, remplacer le serveur du restaurant qui vous embauchera certainement lorsque vous saurez réciter la Genèse en anglais devant un auditoire médusé, lors de votre prochain voyage à Londres, dans l'Eurostar. Plus aucun mot un tant soit peu barbare ou peu utilisé dans une conversation n'aura de secret pour le quadra en quête d'élévation de carrière grâce à son anti-sèche en français. En cas d'extrême ennui, savoir compter le nombre de battements d'ailes de mouche en une minute sera bien utile. Au final, tout le monde va te péter une forme du feu de dieu de la patate, mais restera cloué chez soi sans profiter ou faire profiter de ce que leur corps en mutation est devenu. Mais là encore, pas de panique Yannick, entre les jeux sur les consoles et les centaines de collections de tout et nimporte quoi achevées en soixante-quinze numéros ou semaines, qui coûtent généralement la peau du cul jeune ou vieux, lisse ou à reliefs, tous les consommateurs ont largement autre chose à foutre que d'aller se balader en forêt, ou choper la tourista dans l'Atlas. Consommer, finalement, ça prend du temps et de l'argent, mais paraît que c'est amusant.

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