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Les idées les plus folles

Publié le 02 avril 2011 par Masterpitch
moustache

Hop, petit saut. Attention à gauche. Oups…Il en a fallu de peu pour que celui-ci ne tombe pas. Petit crochet par la droite. Encore à gauche. On est bientôt libéré. Je vois de la lumière.

Chez mon oncle c’est le foutoir, le bazar quoi. Aujourd’hui, l’envie m’a pris de parler de mon oncle et de ses innombrables livres. C’étais ça les tas que j’évitais en début de post. Un tas de bouquins par ci, un tas de bouquins par là. Et le pire c’est que ça continue sur trois étages, dans tous les recoins. Mal éclairés en plus. Faite de bric et de broc, on dirait que sa maison ne tient plus sur des murs, mais sur des piles de bouquins. Briques de papiers et de mots qui confèrent à cet espace un trouble tout particulier à l’âme, et pas seulement.

Mon oncle est un grand moustachu. Une tête de tueur je vous dis, mais sans les yeux. Or il paraît que ce sont les yeux qui font d’un tueur un tueur. Disons donc qu’il n’a pas une tête de tueur. Mais seulement de moustachu serbo-croate, mi-polonais, mi-tchékoslovaque. Pour être plus précis, il est de l’Est, enfin d’un bout de l’Est. Vous ne m’en voudrez pas pour ces aléas géographiques. Ce qui compte c’est que moustache ou pas notre bonhomme à la fâcheuse manie de se faufiler entre ses bouquins, et le pire est sa fâcheuse manie, encore une, de vouloir nous en parler. De ses bouquins, pas de sa manie, sa première. Quoi que sur l’échelle de ses manies je ne saurais trop laquelle placer en premier.

Disons par exemple que nous sommes à table. Je lui sers un petit verre. Il me serre un petit verre. On se boit notre petit verre. Bim bam boum, le voilà s’en aller nous chercher un passage dans ce bouquin là, dans ce tas ci. Vous vous doutez bien que les chances de réussite sont minimes. D’où sûrement la longueur de nos verres…

Vous voyez, je m’embrouille. La prune, le rouge font leurs effets et les mots se délient. Je vous parle quantité de bouquins, encore des tas, de la maison de mon oncle, de sa moustache, encore de ses bouquins, du petit verre, du deuxième petit verre…C’est tout pareil chez lui, chez mon oncle. On passe d’une chose à l’autre sans s’en apercevoir, en gardant un goût de trop peu si possible. Ces tas de bouquins deviennent ainsi des ponts sur lesquels nos effluves malheureux viennent se déverser pour le plus grand plaisir de leurs obscurs auteurs. Merde je recommence à faire des phrases à deux balles. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous annonce donc que nos belles lettres ont encore de l’avenir tant qu’elles seront délicatement dévoilées par ces yeux innocents. Ça recommence.

C’est sûrement ma moustache. Elle attire à elle les idées plus folles.

GG


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