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Jean-Paul Gaultier: un mythe?

Publié le 03 avril 2011 par Michelgutsatz

Logo "Hermès annonce avoir été approché par des acquéreurs intéressés par sa participation de 45% dans la maison Jean-Paul Gaultier. Des discussions ont été engagées." C'est en 1999 qu'Hermès avait pris 35% de la marque de mode (pour 150 millions de francs - soit environ 23 millions d'euros), passés à 45% en 2008 (pour un prix de 4,3 millions d'euros pour ces 10% supplémentaires). La presse annoncait alors que cet investissement allait permettre à Jean-Paul Gaultier - dont le chiffre d'affaires était de 85 millions de francs en 1998 (soit 13 millions d'euros) - de se développer.

Il faut être lucide et regarder la réalité en face:

  • Entre 1998 et 2009, Hermès a vu son chiffre d'affaires passer de 767 millions à 1915 millions d'euros: une croissance de 250%
  • Sur la même période le chiffre d'affaires de Jean Paul Gaultier est passé de 13 millions à 22,5 millions: une croissance de 173%.

Première conclusion: Jean Paul Gaultier reste une société microscopique et n'a pas véritablement profité de l'entrée d'Hermès à son capital.

  • Le chiffre d'affaires de Jean Paul Gaultier est constitué pour 14,4 millions de redevances pour exploitation de la marque (en fait les royalties de licences) - ce qui représente 64% du chiffre d'affaires!
  • Ceci signifie que la mode et les accessoires ne représentent qu'un tiers de son CA

Deuxième conclusion: la marque n'a pas su développer ce qui est aujourd'hui au coeur du développement de toutes les marques de luxe - les accessoires.

  • Jean Paul Gaultier - sur les 5 dernières années - a réalisé au mieux 7% de résultat net - dans une industrie qui se situe entre 15 et 25%.

Troisème conslusion: Jean Paul Gaultier n'est pas profitable.

Bien sur Jean-Paul Gaultier est un mythe créatif et régulièrement cité par les rédactrices de mode comme le créateur de mode le plus emblématique de notre époque. Mais la rapide analyse qui précède montre que celà ne suffit pas pour construire une marque de luxe internationale. Il y a plus grave. Comme le dit fashionmag.com "En 2005, Jean Paul Gaultier comptait quinze boutiques en propre dans le monde. Aujourd’hui, le parc commercial est divisé de moitié et la maison n’a plus de seconde ligne."

C'est donc une marque en déshérence qui est à vendre. Qui est susceptible de l'acquérir? Aucun groupe de luxe important ne devrait s'y intéresser: image forte mais marque trop petite, pas rentable, collection faible.. et un créateur omniprésent. De fait nous devrions retrouver parmis les candidats à la reprises des groupes asiatiques - comme Fung Capital qui vient de racheter Robert Clergerie, après avoir acquis (via Trinity, sa holding) Cerrutti 1881. Ils ont un véritable savoir-faire de construction de marques de mode et disposent d'un très important réseau de distribution en Chine - d'où Jean Paul Gaultier est absent. Clergerie fabriquera t-il les chaussures Gaultier?


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