Je n’envie pas les artistes le plus souvent. Mais parfois si. Ce qu’ils sont capables de créer a -bien évidemment c’est rare, c’est exceptionnel - la capacité de traverser le temps et de leur survivre.
Il en sera ainsi de No country for old men, le livre de Cormac McCarthy et le film des frères Coen. Western moderne en janvier 2008, début du XXIème, western classique au XXIIème siècle sans doute. Car la mécanique de la violence suivra l’homme. Aucune technologie, aucune idéologie pacifique, rien n’y fera : il y aura toujours des hommes pour tuer et des hommes pour essayer de comprendre pourquoi ceux qui tuent tuent. Est-ce que quelqu’un peut trouver une réponse ?
La folie.
C’est ce que répondent toujours ceux qui croisent le chemin d’Anton Chigurh et qui sont suffisamment intelligents pour comprendre que c’est là leur fin. Il arrive doucement, implacable, avec une grosse bouteille en métal, de celles qui pourraient sauver la vie en d’autres circonstances, mais qui ici l’ôteront. Il tue. Un homme, un oiseau, aucune différence. Seul le jeu du pile ou face avec une pièce de quelques cents, peut annoncer, terrible mécanique hasardeuse, une fin différente de l’inévitable « C’est le mieux que je peux faire ». Pan. Pan. Pan. Une vie ne vaut rien.
Into the wild de Sean Penn. L’image est magnifique. Signée Eric Gautier. Elle nous raconte la nature, cruelle.
Christopher ne voudrait pas être Christopher. Alors il se dit qu’il est Alex Supertramp. Christopher ne veut pas d’une nouvelle voiture. Pourquoi toujours des choses ? Les choses rappellent l’argent. L’argent c’est ce qu’on a lorsqu’on obtient du pouvoir. Mais le pouvoir et l’argent ne font pas le bonheur. Christopher le sait puisque ses parents ont inventé des objets précieux pour que l’homme puisse conquérir l’espace ; ils sont puissants et riches, mais rendent leurs enfants malheureux. Alors pourquoi être Christopher avec une nouvelle voiture et un billet pour Harvard ?
Alex prend la route vers l’Ouest. Il rencontre des gens, pas très puissants ni très riches, mais qui veulent bien l’aimer. Mais, Alex Supertramp veut l’Alaska. Vivre, seul, dans la nature sauvage. Il veut fuir le monde puissant et riche, prouver qu’une autre vie est possible. C’est pour un moment ? C’est pour toujours ? Il ne donne aucune nouvelle à personne, vit dans un bus abandonné près de l’eau et des montagnes. Et il meurt tout simplement de faim en écrivant que le bonheur ne vaut que s’il est partagé. Un jour où l'autre, nous, enfants de l'Occident tout puissant, voulons tous fuir cette vie capitaliste ? Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas fait, pourquoi sommes nous si nombreux à ne rien tenter ? Sommes-nous lâches ou pas assez fous ?
- Mais c’était un film américain me demande ma mère ?
- Oui.
- Mais je croyais que les films américains, ça finissait toujours bien ?
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu