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La légende de la création, conte

Publié le 04 avril 2011 par Adamante

 LES CROQUEURS DE MOTS 51

Hauteclaire


 

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Quand le Grand Océan du Rien, un jour, allez savoir pourquoi, éternua dans l’infini vide de tout, des milliards et plus encore, de gouttes de vie s’envolèrent dans l’espace immense.

Il y eut un grand frisson dans la nuit primordiale. Il y eut le haut et il y eut le bas, la Terre et le Ciel se créèrent, avec tout ce qui va dedans.

En bas, la Terre accoucha des eaux, avec ses ruisseaux, avec ses mers, ses océans ; puis elle accoucha du feu, alors les volcans apparurent et les montagnes et les rochers ; puis ses cheveux se mirent à pousser, il y eut la végétation, les herbes, les arbres. Sa chevelure était luxuriante avec ses immenses forêts, ses mousses et sa verdure.

Comme elle était belle.

Pendant ce temps, en haut, le ciel accouchait du soleil, des étoiles, des planètes, de la voie lactée et plus loin encore, il accoucha d’autres galaxies, avec leurs étoiles, leurs planètes, leurs trous noirs…

Comme il était beau.

Ils se plurent et ils s’aimèrent.

Le ciel prit la terre dans ses bras. Il l’entoura de toute part et lorsque les eaux, filles de la Terre, furent touchées par les rayons du Soleil, fils du Ciel, tout se mit à vibrer. Ce qui était en germe dans les eaux s’éveilla, se mit à croître. Cela prit beaucoup de temps, mais le temps n’existe pas quand on s’aime comme s’aimaient le Ciel et la Terre.

Un jour, les poissons apparurent, un autre jour certains d’entre eux quittèrent les eaux pour habiter la chevelure de la Terre qui leur semblait si douce, si attirante, alors, les oiseaux et les mammifères firent leur apparition.

Certains mangeaient de l’herbe, ils étaient gros et pacifiques, d’autres mangeaient les autres, ils étaient nerveux et voraces. Un jour enfin il y eut les premiers humains, ils étaient petits, mais ils étaient malins, ils ne marchèrent pas longtemps à quatre pattes, très vite ils se redressèrent et devinrent les rois de la création.

Ils mangèrent de tout, ils se mirent à croître et à se multiplier.

Seulement voilà, la Terre devînt rapidement trop petite pour satisfaire leurs désirs, alors ils regardèrent vers le ciel. Ils réussirent à s’envoler, à voler si loin, si haut, qu’ils ne pouvaient plus voir la Terre. Ils voyagèrent dans l’espace où il n’y avait plus ni air ni poids, ils avaient découvert l’apesanteur. Mais cela ne leur suffisait pas, ils n’avaient qu’une idée en tête, aller toujours plus loin.

Ils firent beaucoup de bruit, beaucoup d’erreurs, beaucoup de dégâts. Ils étaient insatiables, il leur fallait toujours plus. Rien, jamais, ne pouvait les satisfaire. Tant et si bien qu’un jour, à force de jouer avec le feu, comme tous les apprentis sorciers prétentieux, ils finirent par s’auto détruire.

Il y eut un grand silence dans l’espace, après la tempête. Il y eut de gros accrocs dans la création, l’air qu’ils avaient laissé fut longtemps irrespirable et le monde en cendres était tout déchiré.

Mais le Ciel et la Terre s’aimaient encore comme au premier jour. Le Ciel entoura la Terre avec plus de tendresse encore et tous deux, dans leurs grands corps malades tricotèrent leur amour pour panser leurs blessures. Personne ne sait combien de temps cela dura.

Et puis un jour, le Grand Océan de Rien qui dormait depuis des millénaires, allez savoir pourquoi, se mit à éternuer. Alors, des milliards, et plus encore, de gouttes de vie s’envolèrent dans l’espace.

Cette légende, c’est Grand père qui me l’a racontée, il la terminait toujours par un soupir en disant : « Si le monde comprenait le sens de cette histoire, tout ne serait peut-être pas toujours à recommencer ».

©Adamante


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