Luc Chatel, alias Ministre de l'Education Nationale, nous ressort un marronnier... l'apprentissage précoce de l'anglais et ce dès 3 ans !
Donc Luc Chatel parle de quelque chose qui existe depuis des années dans le cadre de la Pédagogie Montessori et qui effectivement fonctionne très bien et permet aux enfants de se développer au sein d'un système éducatif plus en accord, peut-être parce que tout simplement pensé.
Mais qui fréquentent les écoles Montessori ? Certainement pas les enfants de monsieur et madame tout le monde... Elles sont destinées à une élite bobo et c'est peut-être pour cela qu'elle est si performante parce que les enfants sont baignés dans un milieu socio-culturel porteur, stimulant et surtout dans un milieu qui est capable de leur offrir un bain de langage suffisant pour leur permettre de s'exprimer, d'avoir accès à une pensée propre et à une autonomie nécessaire pour oser apprendre.
Donc Luc Chatel,
nous dit qu'il faut apprendre l'anglais
à tous les enfants de 3 ans
afin de limiter la fracture langagière...
Mais cette fracture langagière si elle n'était que dans l'apprentissage de l'anglais, nous serions heureux...
En tant qu'orthophoniste dans un service de pédopsychiatrie, il est vrai que je vois les enfants qui ne sont pas bien dans leur communication mais tout de même en tant que citoyenne engagée (associatif, politique...) je cotoie aussi beaucoup d'enfants qui ne viennent pas au CMP et je sais qu'une partie non négligeable voire majoritaire dans les quartiers dits pudiquement "difficiles" sont en souffrance dans leur communication, leur langage et leur langue. Ceci pour de multiples raisons en lien avec des carences sociales, culturelles, éducatives et/ou affectives et quelques uns pour des raisons plus développementales (mais cela est une toute petite minorité) et aussi peut être dans le cadre d'un glissement de mission de l'Education Nationale...
En tant qu'élue, j'ai été chargée de mettre en place le Programme de Réussite Educative de ma ville et quand nous avons analysé les problématiques, ce qui a été constaté par les enseignants et les services partenaires a été bien sur l'absence de langage chez des enfants de maternelle et de primaire. Absence ou insuffisance de bases nécessaires à une communication fonctionnelle, je n'évoque même pas une communication affective ou autre, uniquement fonctionnelle.
Après avoir été obligé de mettre en place des Clubs Coup de Pouce CLE (développés dans le cadre de l'Apfée) en CP pour aider ces enfants en manque d'étayage et étayage qui ne peut plus être fourni par l'école de la République parce que sa mission n'est plus la transmission des fondamentaux. Nous avons mis en place grâce à Monsieur Martin Hirsch, alors Haut Commissaire à la Jeunesse, des Clubs Coup de Pouce Langage pour les Moyennes et Grandes Sections de Maternelle. Ce qui fut aussi difficile dans la mise en place de ce programme, ce fut le recrutement de jeunes entrant dans le dispositifs Service Civique pour accompagner les petits dans le cadre du projet de l'Asforel en devenant des "facilitateurs de langage".
Et Monsieur Chatel voudrait que les enfants puissent apprendre l'anglais dès la maternelle alors qu'ils n'ont même pas les ressources nécessaires et suffisantes pour s'approprier leur langue maternelle et pouvoir l'utiliser pour apprendre, comprendre et s'exprimer...
Mais doit-on être étonné du discours de Ministres qui appartiennent à un Gouvernement qui prône l'enfermement des malades dit mentaux, un repérage systématique des "délinquants" chez les enfants de 3 ans ?
Article : DES « FACILITATEURS DU LANGAGE » AUPRES DE JEUNES ENFANTS EN ACTIVITE PERISCOLAIRE, Bosseau 6_BOSSEAU_pdf
«Do you speak english?» Cette question, vous devriez bientôt pouvoir la poser aux enfants de trois ans. «Dès la rentrée 2012», selon Luc Chatel, le ministre de l’Education nationale, qui annonce ce lundi dans une interview accordée au Figaro, la mise en place en place d’un «comité de réflexion» qui aura pour but de «réinventer l’apprentissage de l’anglais» à l’école.
Luc Chatel a d'ailleurs déjà donné quelques pistes à ce «comité», présidé par l’angliciste Suzy Halimi, présidente honoraire de l’université Paris III. «S’il n’a pas d’idées préconçues», le ministre estime tout de même «qu’il faut une épreuve orale au bac, en langue vivante1, en plus de l'écrit actuel». Surtout, Luc Chatel pense que «l'on peut utiliser les nouveaux modes de communication. On peut apprendre l'anglais à Paris par visioconférence en dialoguant avec un enseignant basé à Londres».
Le niveau en anglais des Français est médiocre. La France se situe au 69e rang d'un classement mondial opéré sur 109 pays et au 25e dans la liste des 43 Etats européens, selon les résultats du TOEFL, le test d’anglais comme langue étrangère, que les universités anglo-saxonnes demandent pour inscrire un non-anglophone. «L’anglais est une vraie faiblesse de notre pays», constate le ministre sur I>Télé.
Pour Luc Chatel, mettre en place de nouveaux programmes est possible grâce à «nos jeunes enseignants, qui parlent désormais davantage l’anglais» et «peuvent l’enseigner». Une façon de répondre à la suppression de postes d’intervenants étrangers. Il souhaite en outre «mieux travailler avec les collectivités locales chargées de financer les équipements des écoles primaires, en vidéoprojecteurs ou ordinateurs».