O.V.N.I. présenté par Le Petit Ghetto dans la Prairie

Publié le 05 avril 2011 par Poneyland

Comme on a pas encore d’équipe de foot à Poneyland, mais qu’on aime bien être supporter, on exulte nos trop-plein d’émotions, nos joies bestiales et nos grands cris d’animaux virils non pas dans des stades qui sentent la sueur mais pour de la musique.
Ainsi à Poneyland on écoute du rap (Poneyland qui a aussi faillit s’appeler « le petit ghetto dans la prairie » mais ça portait un peu trop à polémique), et se penche aujourd’hui sur Odezenne.
Odezenne avant c’était O2zen, mais en fait c’est les même gens, contrairement à ce que certains ont pu croire. Sinon c’est toujours de la musique, de la bonne.
Donc cet album s’appelle O.V.N.I., et fait suite à sans.chantilly. Le style a un peu changé mais la qualité est toujours là, et en quantité. Et si on a décidé de vous parler d’Odezenne aujourd’hui c’est pour diverses raisons et tout d’abord parce que si leur musique ne semble pas totalement évidente à la première écoute, on la découvre et la savoure sur le long terme. Contrairement à bien des chiottes de nos jours, satisfaisant des besoins musicaux de consommation rapide, genre hit McDo qu’on mange en 10 secondes, digéré en une heure et qui laisse sur sa faim au bout de trois.
Dans le cas d’O.V.N.I., la multiplications des écoutes ouvre progressivement leur univers très personnel, et nous laisse le temps de l’apprécier dans sa profondeur un peu comme une rencontre amicale bâtit sur l’enrichissement réciproque. La preuve, leur premier album qui fut un succès d’estime leur a construit un véritable public, certes restreint, mais solide de vrais fans.
Une autre raison nous ayant donné vachement envie de vous en parler c’est qu’ils écrivent en français et si possible pas trop de conneries. De la très bonne chanson française, il y en a eu, avec des textes mémorables et magnifiques, et quoi qu’en dise les anti-rap, dans les années 90 fleurirent certains des meilleurs textes en français dans les champs de culture hip-hop. Simplement, pour s’en rendre compte il faut fouiller, parfois tendre l’oreille, ce que moins de gens qu’on ne le croit font.
Et puis ça fait encore bizarre à trop d’affolés de dire que le rap ça fait partit de notre patrimoine culturel contemporain. Pourtant quand on est né à partir des années 75-80 le rap tient une importance à mon avis considérable dans le paysage artistique, et au-delà de la musique, le hip-hop c’est une façon de s’exprimer, de contester, de décrire l’existence et les problèmes, de vivre, de s’habiller… etc.
Après on ne dit pas pour autant que dans le rap tout est bon, bien sur y’a aussi de la grosse merde consternante dans la production hexagonale. Mais faut dire qu’en Fransaoui on a le chic pour faire des clichés, et après les grands succès des années 90 début 2000, on a tellement collé l’étiquette « galérien de banlieue vulgaire et sans vocabulaire » sur la tête des rappeurs que les majors ont lentement élimé la diversité en refusant les prises de risque, et le genre s’est pas mal mis à tourner en rond.
Aujourd’hui le rap à besoin d’air et le style d’Odezenne semble justement ouvrir des portes. D’influences diverses, principalement dans la composition, ils arrivent à restituer leurs richesses respectives, à exprimer simplement ce besoin de dépeindre la vie comme elle est, avec ou sans métaphore, que ce soit pénible ou jouissif.
Et puis c’est clairement décomplexant d’entendre des mecs dirent qu’ils souffrent sans être niais ni fleur bleue. Au fil du disque on trouve pas mal de portraits de femmes assez durs sans que ça verse jamais dans la dénonciation gratos du « les meufs sont toutes des putes ».
Musicalement on sent dans la recherche des sons et le peaufinage des prods un vrai travail d’orfèvre et sans se faire mal à la tête on entend très vite que le compositeur c’est pas juste un gus qui tripote un clavier.
Donc si vous êtes comme moi, et que régulièrement pris d’indulgence vous allez sur Deezer en vous disant « allé, je vais voir ce qui se fait de beau » et repartez toujours broucouille, tapé Odezenne et faites-vous kiffer. En général cette expérience se termine à la Fnac des Halles pour acheter le CD, qui par ailleurs est un véritable objet Beau.
(sa présentation ici : http://www.youtube.com/watch?v=4XJYyalZrYg)