Ceux et celles qui me connaissent depuis un bout de temps (c’est à dire avant juillet 2010) savent qu’avec Chéri, on a des convictions plutôt écologiques.
Mais voilà une chose qui s’est imposée cette semaine. Mon chéri me sort « Moi, je suis devenu écolo fervent, toi, tu renies tout ça. »
Je lui fais mes gros yeux d’étonnée, « mince mais d’où est-ce que tu crois ça toi ? On lui mets de couches lavables à ton gamin, non ? Il boit du lait bio et c’est vrai j’ai arrêté d’allaité plus tôt que pour les autres, mais c’était pas une question d’écologie, juste de liberté en tant que femme… Et c’est pas de ma faute si ma mère habite loin du métro, avec 3 gosses, tu peux comprendre que je prenne la voiture, non ? »
J’aurai aimé ajouter « Et puis, si t’es pas content, emmène-les toi-même, c’est facile quand on a pas le permis de reporter sur les autres la conduite des monstres chez leur mamie ! »
mais j’ai juste dit
« C’est parce que j’ai demandé une liseuse électronique pour mon anniversaire ? »
Vu que c’est la plus grosse pomme de discorde entre nous pour l’instant.
La réponse a été « Non, c’est juste l’impression que j’ai. »
Après approfondissement, il s’avère que je donne cette impression parce que dès qu’il parle écologie à la maison, je l’écoute plus (bon, en fait, il s’en n’est pas encore rendu compte, mais dès qu’il parle d’un sujet extrait de (au choix) : Le Monde, Le Canard, Sciences&Vie, un de ses bouquins de SF; je l’écoute plus, mais chuuuut, surtout ne lui dites pas ! Il fait pareil quand je lui parle opéra ou peinture).
Ben oui, l’écologie militante, j’en suis revenue. J’ai toujours pensé qu’il fallait agir plutôt que parler, j’en ai parlé longtemps mais c’est… peu stimulant. A moins d’entrer dans des débats politiques engagés, parler écologie ça me gonfle. Et puis, même les débats politiques me gonflent par leur mauvaise foi et leur vacuité. (je suis une outre, j’ai dégonflé avec la naissance de BB3, j’ai pas envie de reprendre du volume
)Sur un blog (et c’est essentiellement de là que vient la mauvaise interprétation de mon homme, puisqu’avant, je parlais écologie pratique à tout bout de champ sans ogm…), parler écologie et se limiter à ça, ça rime à quoi ? Se convaincre qu’il faut y passer, en faire son leitmotiv… au risque de dégoûter les autres.
Ou de passer pour un écolo-bobo-ridicule (on m’a reproché d’avoir acheté une voiture… ben oui, on rentrait plus à 4 dans la voiture de mes parents, alors pour les réunions de famille à l’autre bout de la région, merci !), que c’était idiot de faire son dentifrice (ben j’aime PAS le colgate, c’est pas ma faute) ou c’est pas ça qui changera le monde (ouais, en attendant, j’ai pris l’avion que 6 fois dans ma vie – et j’étais mineure-, j’ai jamais quitté l’Europe et je vais en vacances à moins de 100km de chez moi : ça c’est de l’action directe et pas du blablatage !)
J’achète pas d’Iphone, ipad, truc à la mode ou gadget électronique débile (d’ailleurs, un conseil, pour anniv et noël de Chéri, évitez les trucs du genre pas recyclable ou pas écolo, vous risqueriez d’être mordu
) et en fait, j’achète quasiment rien (à part des livres en ce moment). Je n’ai plus envie de parler écologie, c’est tout.Parce que débattre sans fin avec des anti-écolos, des écolos convaincus qui tentent de se convaincre que leur manière de faire, bien que paraissant moins écolo, l’est quand même (franchement, je m’en tape que tu préfères les couches jetables aux lavables ! Juste les moltex ne sont PAS biodégradables, d’accord ? le reste, tu fais ce que tu veux, dans 70 ans, je serais sans doute plus là) ou avec des écolos encore plus durs qui t’assurent qu’on doit tous retourner vivre à la campagne dans une yourte (désolé, Chéri a grandi à la campagne dans un esprit post-soixante-huitard avec potager, eau froide et pas courante, bain dans la source et âne pour aller chercher les provisions : il ne veut pas ça pour ses enfants et je le comprend), tout ça, c’est déprimant et épuisant. Je préfère garder mon énergie et mon moral pour autre chose.
Bref, je préfère stimuler mon esprit que parler de trucs qui sont ancrés dans mon quotidien et n’ont intellectuellement aucun intérêt pour moi.