Magazine Humeur

Lyon-Châteauroux (carnet de route)

Publié le 06 avril 2011 par Secondflore

Ah ! C’était un beau week-end.

C’est une librairie modeste au premier abord, au cœur de la Guillotière, à Lyon. Une librairie toute jeune – pas même deux ans, l’âge où on apprend à marcher (je crois qu’elle marche déjà).

Je suis arrivé en avance. Je pensais faire un tour dans le quartier mais il était désert ; le sourire de Sylvain, le libraire, a fait le reste. Il a ouvert une porte au fond de sa librairie, c’est là que ça va se passer, il y avait là une trentaine de chaises, et la table basse derrière laquelle lui et moi nous installerions. J’ai quelques habitués qui devraient venir, m’a-t-il dit, mais on m’a déjà fait le coup quelques fois à Paris, j’avoue que je craignais le pire. Plus il y a de chaises, plus le vide paraît grand. Sylvain, lui, avait l’air confiant.

Il m’a raconté l’histoire de sa librairie, nous avons causé alphabétisation, coquilles et édition. Nous avons parlé aussi des façons d’écrire, des écrivains qu’il avait reçus, de ceux qu’il rêvait d’inviter. Nous avons évoqué les livres comme des vins : Echenoz en petit vin fruité, parfait au goût mais qui s’arrête net au palais (et vers lequel on revient volontiers, pour la soif) ; et d’autres, âpres à l’attaque mais complexes à souhait, et d’une magistrale longueur en bouche. Un exemple ? "Où j’ai laissé mon âme" de Jérôme Ferrari, que je venais de voir en bonne place dans la réserve. Sans réserve le libraire m’a illico conseillé, du même auteur, Un dieu un animal. J’ai tenu à acheter le livre ici, en souvenir – c’est une partie méconnue du plaisir de lire, la façon dont un livre est venu à nous. On y reviendra.

Il était 19h30, Sylvain a entrouvert la porte de l'arrière-salle. Derrière ils étaient plus de trente, venus pour le thème ou sur la foi de leur libraire. Et l’échange fut long, et la soirée fut belle. On en retiendra les rencontres, évidemment, et la chair de poule que Sylvain m’a donné en lisant le chapitre sur Philomène. On n’en dira pas plus, par pudeur. Mais on n’oubliera rien.

On aura même envie de se souvenir de la suite.
(J’ai pris ma voiture exprès. Vous montez ?)

Le vendredi, traversée sous le soleil de la France du Centre, de Lyon à Châteauroux. L’arrière-pays lyonnais et ses villages méconnus à flanc de collines, une pause déjeuner qui s’étire dans la langueur de Roanne, la ville où les feux rouges durent plus longtemps. Un détour imprévu par Le Crozet, village médiéval au donjon dominant la vallée. Quelques emplettes à St-Pourçain. Les berges du Cher à Saint-Amand… Une nuit à l’abbaye chez le fondateur d’un futur courant littéraire (rappelle-toi, Erwan : le mouvement d’abord, le projet ensuite).
Puis enfin le salon de Châteauroux, colonie de vacances pour adultes avec son lot de rencontres, de part et d’autre des stands… Mais cela, le sieur Larher vous le narrera bien mieux que moi.

J’ai presque envie de dire Vive la France, tenez.
Et merci Lyon.


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