Ce matin, j’ai reçu un mail de Leo, je veux dire de M Scheer, des éditions du même nom. Etait-ce le faire-part de décès de M@nuscrits ou l’annonce de la naissance de M@n ? Question de point de vue.
Les éditions Scheer ont présenté la rubrique « M@anuscrits (beta) » de leur site comme une expérience destinée à capter ce qu’ils appelait, du moins un temps, l’écriture du net. De fait, cet espace, ouvert et gratuit, offrait la possibilité d’afficher ses écrits simplement et de recevoir les commentaires d’une petite communauté qui s’était constitué autour de ces pages web. J’ai déjà dit qu’on y trouvait pas mal de textes qui n’avaient pas trouvé leur place dans l’édition classique et dont les auteurs tentaient leur chance là-bas, et aussi des romans, des poèmes sortis du tiroir par la découverte de cette offre qui permettait de les montrer.
Mais c’est terminé. Le temps est venu pour les éditions Leo Scheer de rentabiliser leur investissement. Je serais mal venu de le leur reprocher : même si on n’est pas un adepte du profit par tous les moyens, on ne peut que constater qu’une entreprise qui crée durablement des pertes finit par disparaître. Il est donc normal que la maison Scheer cherche à développer des activités rentables, et c’est la seule façon de pouvoir prendre ailleurs des risques en publiant des auteurs inconnus.
Je n’irai pas rejoindre ce M@n. C’est un peu une question de priorité financière car en ce moment, les 50 euros de souscription demandés sont une grosse somme. C’est aussi une question de principe : participer à M@n, cela veut dire participer a comité de lecture élargi qui choisira un texte à publier, mais aussi proposer un texte à ce jury. En somme un concours où candidats et jury sont les mêmes personnes. Etrange. Et puis il y a ce côté « France Loisirs » : je paie pour avoir quelques livres que je ne choisirai pas. Je n’ai rien contre France Loisir, au contraire, car ils ont fait entrer des livres dans bien des maisons où on n’en trouvait pas. Mais là, c’est tout de même autre chose. On n’est pas loin d’un système d’édition à compte d’auteur en tontine ! Car en réalité, le choix d’un texte par les candidats ou la loterie, quelle différence ?
PS: à l'attention de M Scheer, si jamais vous arriviez ici, sachez que j'irais peut-être un jour rejoindre le fameux comité de
lecture élargi, et que même, s'il le faut, je trouverai sans peine un texte remplissant les conditions quantitatives mais forcément pas qualitatives de votre M@n. Je n'ai guère de goût pour cette
loterie, mais lire des textes, choisir celui que l'on aime, cela, oui, pourquoi pas.