Ce que j’écris ici, je ne le considère pas comme une expérience d’écriture. Evidemment, c’en est une, mais, je dois être encore trop ancrée dans le modèle : écrits=roman ou au moins un bouquin style papier avec un début, une fin et un déroulement logique entre les deux.
Et puis, j’ai lu L’Edition Interdite de Thierry Crouzet (je parlerai du fond une autre fois, ce n’est pas le sujet pour l’instant) et j’ai expérimenté une nouvelle manière de voir le livre (à savoir ce que l’auteur prône : le blog est un nouveau livre).
C’est un livre avec une succession de notes, comme autant de petit billets de blog qui se font écho, parfois qui changent d’un sujet à l’autre. C’est pas très grave, comme dans un blog, on pioche, on va d’un sujet à l’autre (juste dommage qu’il n’y ait pas de tags pour s’y repérer, la lecture est très linéaire du coup… voyez, j’ai déjà l’esprit « blog=livre ») et surtout, il y a l’évidence d’une collaboration de type bloguesque :
des intervenants donnent leurs avis, comme ils posteraient des commentaires en bas de ce billet. Parfois, ça donne lieu à une explication sur l’édition du texte (des phrases qui ont sauté, ont été modifiées…) En lisant ça, j’ai bien suivi le déroulement de la réflexion, des uns et des autres… Parce que je suis habituée à bloguer (amusant aussi parfois d’avoir envie d’ajouter des commentaires ! et là, je comprends mieux les enjeux des lectures de type « sociale », vous vous rendez compte MOI ! Ecrire dans un bouquin ! Mais c’est sa faute aussi avec son histoire de connecteur…)
Mais je me dis que pour une personne qui n’a pas l’habitude de bloguer, passer à ce type de livre va être difficile. Parce qu’un blog-livre, c’est une oeuvre protéiforme. A moins de le segmenter au maximum : un blog pour mes réflexions personnelles, un blog pour mes écrits, un blog pour mes billets culturels, un blog pour mes critiques ciné, un blog pour évoquer les trucs débiles que je croise, un blog pour mes dessins…
Au final, si je fais ça, je vais me retrouver avec 10000 blogs (j’ai déjà 3 sites à gérer et j’arrive à en faire correctement qu’un seul, celui-ci, alors, faut pas m’en demander trop !) Et ça n’a pas d’intérêt, on se retrouverait juste avec un livre-blog linéaire, monomaniaque. Moi au moins, je mélange tout, et c’est un beau bazar !
Je ne considère toujours pas mon blog comme un blog-livre ou un brouillon, je le verrais plus comme une pochette dans laquelle j’entasse des feuillets : ça déborde de partout, ça part dans tous les sens, c’est impossible de s’y retrouver. Y’a rien là-dedans qui mérite le titre de création de l’esprit, juste de délires réflexifs. Jetés sur le papier : presque -voire complètement- oubliés.
C’est le défaut de l’écrit : on écrit pour ne pas avoir à se souvenir, pour clarifier ses idées, vider sa « mémoire tampon » et passer à autre chose. Revenir dessus n’est pas intéressant, en tout cas, pas encore pour moi.
Mais l’expérience du blog m’apporte beaucoup d’un point de vue écriture : grâce à lui, j’ai osé rendre publique quelques uns de mes textes, j’ai trouvé des personnes avec qui « dialoguer », j’ai acquis quelques lecteurs dont j’écoute les conseils. D’un point de vue technique, c’est plus flou : j’ai une habitude d’écriture directe, avec des jeux de mots pourris, pas beaucoup de réflexions ou de questions existentielles. A croire que je réserve ça à mes écrits hors-blog (qui n’apportent d’ailleurs jamais de réponses non plus).