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(10) A dos de son chameau

Publié le 07 avril 2011 par Luisagallerini
Promenade à dos de chameau (1911)Le soleil réapparut en début d’après-midi derrière d’énormes nuages anthracites, qui se dissipèrent bientôt totalement. Madame Gallerini, qui reprit mon bras, s’élança, pimpante, dans les rues désertes. L’architecture alambiquée de la ville, cirée d’une fine couche aqueuse, aveuglante sous le soleil, l’émerveilla tant qu’elle en loua jusqu’aux mélancoliques murs de briques écroulés où s’adossaient nonchalamment les bédouins de passage. Apercevant un paysan et son chameau à la lisière du désert, elle gesticula dans sa direction. Le jeune homme qui vint à notre rencontre comprit sans échanger une parole avec nous que le dos de son chameau nous intéressait tout particulièrement. Je me pliai aux exigences de ma compagne et nous grimpâmes sur la pauvre bête. Cahin-caha, nous suivîmes notre guide sous un soleil lavé. Madame Gallerini était ravie et sa bonne humeur m’enjoua à mon tour. Ce fut une journée des plus charmantes, légère comme la rosée et enivrante comme l’air de la montagne. Une journée comme je n’en ai pas vécue depuis longtemps, où je pus apprécier, insouciante, la beauté de ce pays fascinant.
Mardi 10 mars 1863, 6h du soir
Monsieur Verdret, le mari taciturne que j’avais vu dîner avec sa femme le soir de mon arrivée, s'est baigné avec les frères Bianchi et deux matelots dans les eaux du Nil. Je n'ai pas pu me joindre à eux, bien entendu, mais j'ai regardé d’un œil amusé les hommes nager au milieu des buffles et des enfants. On raconte que des cadavres descendent le Nil, qu’il est fréquent d’apercevoir quelque charogne, animale ou humaine, mais je n’ai rien vu de tel à ce jour.
A suivre...

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