Pour moi, il ne suffit pas, pour qu’un personnage existe qu’il provoque de l’émotion et parle à la première personne. Franchement, j’ai parfois eu plus de sentiment pour un personnage dont le narrateur nous parle à la troisième personne que dans un récit auto-narratif. Et l’émotion est souvent trop facilement provoquée par un abus de situations absurdes ou rocambolesques.
La seule chose qui compte pour moi, c’est que le personnage réagisse COMME IL SE DOIT. C’est à dire, en fonction de son passé, de sa vie, de ses convictions. Mais aussi et surtout, en fonction de ce qu’il a dans la tête au moment où il agit. L’être humain est rempli de contradictions, mais dans certains romans, on a l’impression que les personnages sont fichés dans un stéréotype et n’en sortent jamais. Que leurs actions/réactions sont dues à l’impératif narratif de l’enchaînement prévu (et souvent prévisible) par l’auteur.
Certaines personnes avec qui j’ai discuté ont du mal à comprendre ce que j’entends par « Mes personnages font ce qu’ils veulent. » Parce que normalement, c’est moi qui écrit. Mais écrire c’est diriger, ce n’est pas imposer. On créé une intrigue, un déroulement de l’histoire, on invoque de personnages, leurs passés, leurs vies, et on provoque l’étincelle qui déclenche les évènements. Après, il suffit de les regarder s’écouler devant soit. C’est facile. Parfois, on s’arrête parce qu’on ne voit plus dans quelle direction logique ils vont : même si on connaît la fin de l’histoire ! Parce qu’on ne veut pas raconter une histoire, mais faire vivre des personnages et donc les rendre avec justesse. Et comme ses personnages ne sont pas « nous », qu’ils sont autres, on a parfois du mal à les saisir, à vraiment les comprendre. En tout cas à les comprendre suffisamment pour donner cette impulsion qui les fera repartir.
Et pendant ce temps-là, Myriam n’a toujours pas soufflé ses bougies… Toujours coincée avec ses neuf ans et sa robe de princesse.