L'Origine du monde, œuvre de Gustave Courbet (1819-1877), peintre du XIXe
siècle qui mena le courant "Réaliste" au scandale, est connu pour son coté
provocateur et ouvre les portes de l'érotisme aux peintres et premiers
photographes de l'époque.
Dans cette peinture, Courbet montre ce que Manet avait caché dans son non moins
célèbre tableau "Olympia", et cache ce que Manet montrait.
Une exhibition à l'image contestataire et politiquement engagée du
personnage.
Tout autant engagée et provocatrice, Orlan (née en 1947) artiste plasticienne qui maîtrise une
multitude de supports de l'art contemporain, nous propose un pendant féministe
à l'œuvre de Courbet, qui frise le sexisme voire la misandrie.
Toutefois le titre de cet œuvre, "L'Origine de la guerre", ne laisse pas
d'équivoque sur le sujet réellement abordé par l'artiste.
C'est l'homme, plutôt que la femme, qui est avide de conquêtes, cherchant à
assouvir ses désirs et sa soif de chair, de pouvoir et d'argent...
Voici deux poèmes, écrits avec plusieurs années d'écarts et qui illustrent chacun respectivement le tableau de Courbet et le photomontage d'Orlan.
C'est en cherchant à illustrer le premier texte, que "l'Origine du monde" me parut l'image évidente, matrice créatrice, me conduisant à en chercher son inverse, l'anti-matrice destructrice, "l'Origine de la guerre" et à en rédiger l'anti-poème.
Je chuchoterai dans les creux de ton
corps...
des phrases qui n'ont pas de mots.
J'irai cueillir toutes les fleurs de mon jardin
pour te les offrir,
et je n’en laisserai qu’une, ce sera toi.
Alors…
Que la brise qui soufflera, du soleil levant,
au matin de la vie,
pousse notre vaisseau vers des vallées fertiles
inondées de soleil et d'espoir.
Qu'elle nous porte au-dessus de monts vertigineux
faits de lumière et de merveilles
et où coulent les cascades du bonheur limpide.
Puis si le cœur nous en dit, nous irons voir derrière, s'il y a un
désert,
un désert immense que nous seuls, avec les millions d'étoiles,
nous pourrons partager.
Elles nous guideront vers l'oasis sacrée
par où les hommes, sur la terre,
un jour sont arrivés.
Je ne geindrai plus, étreinte contre ton
corps...
sans colère et sans maux.
Ne cueille plus les fleurs de ton jardin,
tu sais qu'elles vont se faner,
et n'oublie plus qu’il faut les soigner.
Sinon...
La bise qui soufflera viendra du ponant,
aux portes du crépuscule.
Elle poussera notre vaisseau vers des vallées arides
inondées de ténèbres et de sang,
et nous portera au-dessus de monts imaginaires
faits d'orgueil et d'avidité,
où coulent des torrents de violence et de convoitise.
Ne me dit plus d'aller voir derrière, s'il y a un désert,
c'est sûr, il est immense, et tu t'y es caché,
juste pour ne rien partager.
Seul dans le sable brûlant, l'obélisque dressé
à la gloire des hommes,
sur ma terre, que tu auras assassinée.