Article paru le 1er décembre 2010 à la une du Post.fr, journal participatif édité par le monde.fr.
La rumeur a trop vite attribué à Eric Cantona l’initiative de ce rendez-vous du 7 décembre, en omettant simplement l’existence et la ferveur des véritables instigateurs du projet qui n’ont d’ailleurs pas tenu à s’exprimer devant la presse pour l’instant.
Les auteurs sont des internautes militant pour une cause estimable, et seul le mouvement est inspiré par les paroles du footballeur.
Une simple recherche sur le net avec comme mot clé "bankrun2010" vous précisera toute la légitimité, l’importance et la gravité des motifs de cette mobilisation.
Cantona dans sa déclaration, largement diffusée sur le Web, n’a jamais donné de date, ni incité qui que se soit à retirer effectivement son argent, et lui-même ne le fera certainement pas en se justifiant par une de ces pirouettes burlesques dans lesquelles il excelle.
Le footballeur a expliqué dans Libération mardi que " vue l'étrange solidarité qui est en train de naître, oui, le 7 décembre, je serai à la banque ".
Il propose juste au conditionnel que, "SI" 3 millions ou 10 millions de personnes le faisaient, les banques auraient du mal à faire face, nous invitant ainsi à constater une réalité terrifiante.
Source Presse Ocean
La véracité de ses propos concernant l’argent et le pouvoir des banques, propos que d’éminents économistes, politiciens voire chefs d’état ont tenus bien avant lui, démontre que même si certains prétendent qu’il n’utilise pas toutes les capacités de son cerveau, il n’en a pas moins oublié pour autant d’être clairvoyant.
Il est regrettable et affligeant que la notoriété intellectuelle du Monsieur Cantona en France n’atteigne pas celle de son « tacle » et que ceci desserve ses idées qui dans la forme sont bien discutables mais dans le fond demeurent celles d’un citoyen lucide et inquiet de notre devenir.
Le projet qui en a découlé sur la toile, puis relayé par les médias, nous conduit à une réflexion de la plus haute importance sur la pérennité de notre système monétaire. Il convient d’accorder au plus vite, à cette réflexion, la même attention qu’à la gestion des énergies ou à l’écologie.
Cette démarche contestataire, dont il n’est pas l’instigateur mais l’inspirateur (convenons d’un subtil distinguo entre ces synonymes), s’adresse plutôt à ceux qui ont un peu d’épargne en banque, cette épargne représentant les intérêts de l’argent que les banques ont prêté, le principal lui, comme beaucoup l’ignorent, n’existe pas.
Pour les autres, ceux qui n’ont pas d’argent, la seule démarche possible est révolutionnaire, c’est d’ailleurs la définition du citoyen français que donne Cantona, sachant qu’après la révolte, ils n’en auront toujours pas plus.
Bien entendu, il est donc fortement déconseillé de retirer votre argent ce jour-là (pour ceux qui en ont), mais plutôt d’en profiter pour se pencher sur la question, car c’est ce qui compte avant tout.
La sensibilisation au phénomène monétaire, suivie de réflexions citoyennes et motivées donnera quelques inquiétudes aux banques, et incitera les spécialistes à travailler sereinement sur une nouvelle forme de l’argent avant que le crash inévitable ne se produise de lui-même.
Le système n’a pas besoin d’un mouvement protestataire ou révolutionnaire pour s’effondrer, et c’est bien ça qui fait frémir.
Sur le sujet :
- Le site qui appelle à la mobilisation, mais qui propose aussi les outils d’un nouveau système : http://www.bankrun2010.com
- L’excellent document vidéo sur le système monétaire actuel présenté de façon captivante et pédagogique, un grand bravo à M. Paul Grignon. Ici en version française intégrale : http://dai.ly/bNEgJQ
Ce film, de nombreuses fois relayé sur Internet, est sujet à controverse. Il est accusé de faire la part belle aux thèses conspirationnistes.