Il y a 100 ans, est né: CIORAN. - Cioran et Dieu -

Publié le 10 avril 2011 par Perceval

EMIL CIORAN  est né le 8 avril 1911 à Rasinari, village isolé des Carpates, où son père est le pope…

Misanthrope, solitaire, suicidaire… en dialogue perpétuel avec la mort. Cioran est, à mon avis, un religieux ‘ oriental ‘.

Je m’appuierai sur les lettres de Cioran à Armel Guerne (commentées par Eugène Van Itterbeek) :

 

  •  "Je suis un incroyant", écrit Cioran dans les Cahiers, "qui ne lit que des penseurs religieux. La raison profonde en est qu'eux seuls ont touché à certains abîmes. Les « laïques » y sont réfractaires ou impropres".

 

  • La "marche" répond chez Cioran, à ce besoin métaphysique de rentrer en soi, de retrouver l'homme intérieur, de trouver l'état de "prière", de transcender le temps. De là son admiration pour le "pèlerin russe", qui incarne pour lui une expérience mystique, une ouverture vers Dieu, ce chemin qui lui semble bouché. « "J'admire également ceux qui prient ( …) . C'est que pour moi la prière a toujours été une tentation et une impossibilité, une nécessité irréalisable. Si j'envie une existence, c'est celle de ce pèlerin russe dont je viens de relire les récits. Marcher et prier ! Je ne peux que marcher…"
  •  "Si j'avais joui d'une santé convenable, à aucun moment de ma vie le christianisme ne m'aurait obsédé.L'inquiétude religieuse, on ne l'a rencontrée d'habitude que chez les mal venus, les déchets de « l'évolution »…

 

 

  • "Si je ressens maintenant un malaise, c'est que je suis chrétien à ma façon, ou, plus exactement, quelque chose en moi est chrétien (…) Malgré ma frivolité, il existe en moi, profondément enraciné, un sentiment d'inappartenance au monde ; ce sentiment, lorsqu'il prend une certaine intensité, est indubitablement chrétien. Mais je ne suis pas croyant ni ne puis l'être. (…) Mon anti-christianisme ne serait-il pas cette impossibilité tournée en rage ?"

  • Cioran stigmatise avec une véhémence inouïe "le néant et la sécheresse d'Occident", "cet athéisme agressif dont la jeunesse fait étalage". Il poursuit : "On ne peut même pas dire que cet athéisme, soit de la religion à rebours ; non, c'est seulement l'expression tapageuse d'un vide général."

 

  • "Je ne suis sans doute pas qualifié pour faire l'apologie de la foi, je sais néanmoins que l'insensibilité aux problèmes religieux est le signe même de la nullité."

  • "Ce que je leur reproche, ce n'est pas d'avoir refusé toute valeur à mes « productions », mais de n'y avoir pas décelé un soupçon de ferveur, un rien d'appétit religieux ou, plus exactement, de déception religieuse. Dès que quelqu'un m'accuse d'être athée, je sais que je me trouve en présence d'un imbécile."   La phrase s'adresse aux Jésuites qui ont parlé très mal de ses livres dans la revue Études. Et de conclure : "Comment expliquer à ces gens que l'important ce n'est pas de croire à Dieu, mais d'y penser."