Curieux média que le blog… Victime de son succès, peut-être. Désormais, je ne fréquente plus ou presque plus les blogs, et je n’écris plus. Dommage, crient à l’unisson les quelques lecteurs fidèles qui sont d’ailleurs davantage des amis que des lecteurs. Et de me donner moult sujets à traiter.
Pourtant aucun d’eux ne m’a inspirée. Comme si la veine qui me portait s’était brusquement éteinte. Finie, l’inspiration. Partie. Expirée. Diluée dans l’actualité avec laquelle je me bagarre journellement. Dissoute dans les statistiques, dans le nombre de visiteurs uniques et dans celui des pages lues. Lues… pas sur ce blog, mais sur le site de mon journal où je m’use désormais les yeux !
Pourtant, aujourd’hui, j’ai reçu un petit commentaire et, d’un coup, j’ai eu envie de revenir. J’ai revisité mes anciens textes avec cette nostalgie qui peut nous parcourir lorsque nous revenons sur des lieux autrefois très fréquentés et aujourd’hui complètement transformés. Ils ne ressemblent plus à ce que nous avons connu et, pourtant, ils en portent encore le parfum. Du coup, un souvenir m’est revenu. Et avec le souvenir, l’envie d’écrire. Comme quoi…
Pendant des années, je suis allée au lycée Claude Monet. Je descendais au métro Tolbiac et je marchais quelques minutes. Le hasard a voulu que je refasse exactement le même trajet il y a quelques jours. D’un coup, me sont revenues les impressions et les sentiments du passé : l’angoisse de l’interrogation écrite prévue mais mal préparée, la crainte du “prenez une feuille” qui pouvait nous saisir en histoire ou en géo (je n’apprenais jamais mes leçons…) bref, tous ces petits soucis de la lycéenne de la fin des années 1970. Oui, je préfère dater la chose, parce que j’ai aujourd’hui l’impression, quand je croise des élèves dans la rue près de chez moi, qu’ils ne sont en rien concernés par ce qui faisait l’essentiel de mon existence de l’époque. Aujourd’hui, ils s’inquiètent de savoir s’il va leur rester des “vies” dans World of Warcraft…
Je marchais, donc, le long d’une rue de Tolbiac qui n’a que peu à voir avec celle d’il y a trente ans. Quelques magasins sont restés, comme la librairie (étonnant, non ?) et je me revoyais acheter un quart de baguette pour le goûter. Je levais les yeux vers les immeubles, refaits, repeints, transformés, différents. Le coin un peu crade avant de s’engager dans la rue du Dr Magnan est lisse et propre. Le panneau publicitaire est tout neuf. Au loin, le bâtiment gris dont on aperçoit quelques fenêtres peintes en bleu. Je ne me suis pas avancée plus loin… une vague tristesse peut-être, pour les années enfuies. Mais je tiens une idée pour mes prochaines vacances : je vais retourner sur les lieux de mon adolescence. A Claude Monet, je crois que je n’oublierai jamais “sous-sol 5″, la salle de classe où nous autres “sixième B” étions parqués la plupart du temps. Au sous-sol… Vous vous rendez compte ? Mais chère madame, ça nous ferait bien un joli procès ça, de nos jours, non ? Mais c’était au temps où le censeur s’appelait censeur et ressemblait à un dragon, où il n’y avait pas de CPE mais une surveillante générale et où nos noms étaient brodés en lettres d’un centimètre et demi de haut en coton rouge sur nos blouses beiges et bleues, en alternance tous les quinze jours. Personne ne protestait et personne ne se trompait de couleur !