Finalement la seule personne qui comprend bien ma langueur du lundi matin, c'est ma cuillère à café.
Elle n'hésite pas a replonger dans le bain dés mon arrivé au bureau, et ce soutien indéfectible est d'un grand réconfort. Elle est fidèle, simple, discrète, et pourtant prête à faire tout un tas de révolutions pour moi. Toujours dans le bon tempo, espresso s'il le faut.
Elle s'immerge sans boire la tasse, égaye mon humeur morose en roulant des hanches langoureusement, entraînant à sa suite une cape soyeuse et noire, pleine de mystères et de parfum exotique. Les matins toxiques, son cliquètement nerveux me soulage, comme si je défonçais à coup de masse ma pile de dossiers pendants.
Quant j'y pense, je suis vraiment un égoïste, mon ex avait raison finalement, je me sert d'elle sans vraiment y prêter attention, elle touille pour moi sans demander son reste, et ma petite affaire consommée, je l'abandonne négligemment dans un coin sans un regard, sans un sourire.
Et elle trouve rien à y redire. Elle sera encore là demain. Toujours aussi lisse et discrète. Inaltérable et désaltérante.
Et c'est le jour où elle a disparu que je me rends compte qu'elle m'était indispensable, que ce genre de cuillère à café, j'en ferai bien ma tasse de thé.