Une fille qui a les nerfs sur un ring de boxe. Elle martèle le punching-ball de poings rageurs tout en lui parlant :
- Attends-toi à ce que tu te traînes à mes pieds. Tu vas regretter le jour où ta mère t’a mis au monde. Non, pire, le jour où ton regard a croisé le mien. Tu vas perdre toute ta constance, de ta belle superbe. Tu mettras ton chapeau sur la tête et tu souhaiteras qu’il t’engloutisse. Qu’on ne te voie plus. Tu disparaîtras. Tu te dissoudras à ma simple évocation. Tes pensées éclateront alors comme les bulles effervescentes d’un sachet d’aspirine dilué. Ici gît mon amour. Tu pleureras ta race, celle de tes pères. Tu te perdras dans tes rêves. Tu ne sauras plus quel est ton sexe : es-tu un homme ou un femme ? Est-ce toi qui perds tout ce sang…ou bien l’autre ? Tu prieras ne serait-ce pour un petit signe de moi et tu n’en auras pas. Bientôt, tu feras une overdose de souffrances et ton insula implosera. Insula, tu ne connais pas ? C’est pourtant lui qui te protège encore, ce micro point dans le cerveau qui te permet de ressentir la douleur. Quand il ne sera plus là, tout deviendra danger pour toi. L’eau te brûlera, tu ne dormiras plus, tes os se briseront, etc… et pourtant, dans cette chute inexorable, tu ne ressentiras que la désolation de m’avoir perdue. Et tiens, prends ça et… ça !
A part, autour du ring, deux filles qui l’observent
- Dis donc, elle a bien les nerfs aujourd’hui, Ophélie… Qu’est-ce qu’elle a ? On lui a volé son scooter ? On a kidnappé son chat ? Elle suit un nouveau régime ?
- Non, elle a juste une date ce soir. Et tu la connais, elle a besoin de s’emplir de haine pour pouvoir parler d’amour…