Nous terminions de prendre le thé quand Madame Gallerini nous rejoignit. Je remarquai immédiatement son teint pâle et ses traits tirés. Lorsque nous fûmes enfin seules, assises sur le pont, je l’interrogeai. Hésitante, elle garda le silence quelques secondes, observant les rives qui disparaissaient dans la nuit. J’attendis anxieusement, craignant, de façon parfaitement irrationnelle, qu’elle n’eût décidé de mettre de fin à notre amitié. Soudain, elle se ravisa. Sans me regarder, elle me demanda d’une voix éteinte si la maladie dont je souffrais mettait mes jours en danger. Je la rassurai aussitôt, lui certifiant que je voyageais en Égypte pour répondre aux caprices de mes parents plus que par réelle nécessité. Elle se détendit un peu, mais la tristesse voilait encore son visage. Rongée par la culpabilité, je lui fis un aveu.
En écrivant ces lignes, je rougis en songeant à la hardiesse de cet aveu. J’espère que Madame Gallerini ignore, ou ne se souvient pas, que seule une tunique délicatement roulée sur les hanches préserve la dignité de la Vénus d’Arles.
A suivre...