Manet, une modernité réévaluée

Mots clés : Manet, inventeur du Moderne, Musée d'Orsay, PARIS

Par Eric Bietry-Rivierre
12/04/2011 | Mise à jour : 17:53
«La rue Mosnier, aux drapeaux» 1878, d'Edouard Manet.

Orsay pose neuf questions au grand frère de l'impressionnisme qui, toutefois, ne souhaita jamais exposer ses toiles avec la jeune génération.

Difficile de jauger Manet. D'abord parce que sa position entre académisme et avant-garde est ambiguë. D'autre part parce qu'une masse des commentaires, souvent haineux ou au contraire trop élogieux pour être rigoureux, recouvre son art. Plutôt que de tenter une rétrospective exhaustive, le musée du XIXe siècle a choisi d'aborder son peintre inaugural en neuf questions. Quelle fut au juste sa formation dans l'atelier de Thomas Couture, un peintre ­académique ? Pourquoi s'entêta-t-il à présenter ses travaux audacieux dans les salons officiels ? Que doit-il aux classiques ? Quelles furent ses rapports avec les penseurs de son temps, à commencer par Baudelaire ? Quelle est l'originalité de sa peinture d'histoire ou religieuse ? Quel rôle ont joué les femmes ? Quel fut son intérêt pour la nature morte ? Dans quelle mesure, enfin, est-il un impressionniste ? Le Déjeuner sur l'herbe, l'Olympia et Le Balcon - trésors d'Orsay - se voient ainsi revisités à la lumière d'autres chefs-d'œuvre souvent venus d'outre-Atlantique. Mais aussi par un rapprochement avec quelques toiles d'autres artistes contemporains moins connus tels Legros, Carolus-Duran ou ­Gervex. Dessins et gravures complètent le propos.

Manet, inventeur du Moderne, Musée d'Orsay, 1, rue de la Légion-d'Honneur (VIIe) Tél. : 01 40 49 48 14 . Horaires : mar., mer., ven., dim. de 9 h 30 à 18 h, jeu. 21 h 45, sam. 20 h jusqu'au 3 juillet. Cat. : Gallimard, 336 p., 42 €.

Manet versus Monet, deux versions de Paris

Le 17 juillet 1878, la capitale fête la clôture de l'Exposition universelle. Tandis que le cadet représente une rue Montorgueil (IIe) pétaradante de drapeaux tricolores, Manet figure une rue Mosnier (VIIIe, aujourd'hui rue de Berne) nettement moins glorieuse. Le gris domine pour cette voie qu'il regarde depuis son atelier. Elle est presque déserte, un unijambiste y passe. Peut-être un mutilé de guerre ou un ex-communard pas encore amnistié. Chez Manet, l'appel à la réconciliation autour de l'idéal républicain ne va pas jusqu'à l'esprit cocardier.

Le choix de Lorànt Deutsch

« J'ai découvert l'art par les impressionnistes et, donc, plus par Caillebotte ou Pissarro que par Manet. Ma passion pour Paris a été largement alimentée par leurs œuvres et aussi celles, réalistes, de Béraud. J'aime notamment ces manières de représenter les Parisiennes. Elles se promènent au milieu du tumulte parmi les coches et les fiacres avec leurs dentelles, leur petite ombrelle, leurs bas résille et leur taille de guêpe. Leur silhouette est si frêle. Elles semblent encore très corsetées. Pour notre plaisir mais aussi, malheureusement, pour leur souffrance. »

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LE FIGARO, Le Figaro Nouveaux Médias   http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2011/04/11/03015-...