J’aime être ici.
Ici, je peux croiser une poule faisane qui niche au fond du jardin.
Ici, en ballade, je débusque une biche dans le petit bois, et j’aperçois la tâche furtive et blanche de son cul lorsqu’elle détale brusquement, affolée.
Ici, j’observe au dessus de champs le vol de missile, déterminé et fusant, des canards qui cherchent un étang.
Je reprends ma démarche souple de braconnier, sans bruit, j’observe.
Mon instinct animal se réveille, je débusque les œufs cachés sous les herbes, je devine les mouvements secrets dans les feuilles, j’interprète les craquements des branchages et les cris d’alarme des oiseaux. Je respire l'odeur des arbres en fleur et je m'émerveille de cette beauté toujours renouvelée.
Je réapprends à écouter le silence.
Tout ça, quand les quatre enfants présents ne hurlent pas, ne se disputent pas, ne rient pas à gorge déployée, n’ont ni faim, ni soif, ni envie de jouer au ballon, de mettre leurs chaussures, de faire caca, de faire un feu, de construire un bateau sur la rivière, de payer la boulangère avec les billets du Monopoly volés dans le grenier.
Un jour, il faudra que je vienne seule, ici.