Magazine Journal intime

La grenouille

Publié le 15 avril 2011 par Thywanek
La grenouille La grenouille : amphibien. On pourrait espérer en savoir plus, mais c’est très très risqué. Au mieux murmurera-t-on que ça aurait à voir avec le genre des ranidae. Après c’est un foutoir sans nom. Ou plutôt avec des noms dans tous les sens. Pour être précisément imprécis, et néanmoins plus ordonné, on rangera la grenouille, avec le crapaud, la salamandre et le triton dans le tiroir des batraciens en haut à gauche en partant de la droite sauf si votre dyslexie vous les a fait ranger dans le miroir auquel cas ne vous étonnez plus : c’est bien vous que vous voyez de l’autre côté.
Une bonne partie des batraciens apprécie les milieux aqueux : c’est la raison pour laquelle on en trouve en grand nombre à Paris dans le quartier du Marais. Toutefois les milieux simplement humides peuvent leur suffire et on en trouve encore une majeure partie en régions hétérosexuelles. Notons d’ailleurs sans plus attendre que la grenouille est une fille alors qu’il y a des grenouilles garçons comme le crapaud est un garçon alors qu’il y a des crapauds filles.
Le crapaud serait un futur prince charmant ainsi que le rapporte un grand nombre d’observations légendaires à usages infantilo-baratinatoires. Ce qui nous permet de constater, concernant certain prochain mariage princier de facture Britannique entre un rejeton de chez les Windsor et une hébétée vagino-clitoridienne dont, par chance, le patronyme m’échappe, que l’impétrant descend sûrement moins d’un batracien à grande bouche que de la lignée des têtes royales qui compte notamment la célèbre Reine Victoria, dont tous les historiens s’accordent à dire qu’elle ne suça jamais son Prince Albert de mari, ce qui serait à l’origine de l’air profondément déçu que celui-ci affiche sur toute l’iconographie le représentant.
En outre, et comme nous sommes quand même ici pour nous instruire et pas seulement pour gloser sur les descendances dont les ébats meublent les conversations de mémères de tous âges, avec ou sans fibrome, apprenons que le crapaud a la particularité hallucinante, c’est le cas de le dire, de contenir du LSD dans son épiderme. Ce qui explique que la moindre godiche bergèrisante, que la première souillon filant sa quenouille, (sans contrepèterie, merci.) qui se mettait en quête de rouler un patin à un crapaud de hasard pouvait légitimement s’imaginer dans la seconde suivante en train de gamahucher avec Tom Cruise ou Julien Lepers. Ou les deux pour les plus gourmandes.
En fait une seule chose est sure c’est que le crapaud est un modèle de fauteuil. Après c’est à chacun ses goûts en matière d’orgasme.
Pour revenir à la grenouille sachons qu’il en existe environ cent vingt douze mille cent quarante sept trois mille cinquante cinq espèces : à deux ou trois près qui ne se prononcent pas. Va falloir faire un tri. En tachant de ne pas trier trop fort pour ne pas les déranger.
Eliminons tout de go la grenouille de bénitier : le timbre maugréant du coassement de la grenouille de bénitier est très caractéristique de son insatisfaction sexuelle chronique. Elle croit dur comme fer, malgré la façon dont il est habillé, que Jésus est un prince charmant et elle prend pour des sex-shop les boutiques à bondieuseries de Lourdes où elle a acheté son dernier crucifix lumineux à double clignotement bleu et rose. Et monsieur le curé a eu beau lui montrer le doigt de Dieu, rien n’y fait.
Gardons-nous de la grenouille à fable. Loin d’être ineffable, au contraire elle en dit long. Et loin de prétendre qu’à la fontaine elle ne boira pas de son eau, à défaut que la vérité sorte du puits, elle y rencontre généralement un bœuf. Il faut dire que la vie sociale de ce batracien est assez compliquée. Et là, comme un vulgaire candidat à une élection présidentielle elle se met instinctivement à enfler. Les tous derniers progrès de la science du marketing permettent de nos jours à l’enflure de se maintenir pendant une certaine durée ce qui oblige le bœuf, et pas mal d’autres, à attendre de plus en plus longtemps avant d’exploser de rire.
Méfions-nous de l’homme-grenouille. Sorte d’hybride de l’espion et du sous-marin il est aussi bien capable de rechercher des petits bout du Phare d’Alexandrie avec ou sans Alexandra, que de poser par inadvertance para-gouvernementale une bombinette sous la coque d’un bateau appartenant à une organisation de défense des intérêts de la nature.
Oublions la grenouille Kermitterrand : mémorable représentation en marionnette d’un chef d’Etat de gauche aux manières très adroites et fort appétant des ambiances propres aux grenouillages en tout genre.
Redoutons de même le crapaud tapie, le crapaud minc, et plus généralement le crapaud assureur et le boursico crapaud, classés parmi les espèces les plus invasives du moment.
Retenons la rainette : créature plutôt mignonne dont la couleur de la robe, ou du smoking, est différente de celle de la pomme du même nom ce qui outre le volume de chacune, évite opportunément qu’on en fasse des tartes tatin.
Admirons la grenouille tomate : mais abstenons-nous d’en faire du ketchup. Cette jolie bestiole, comme la plupart de ses congénères d’ailleurs, secrète, dés qu’on s’en veut saisir sans qu’elle soit d’accord ou qu’elle ait trouvé une copine pour garder son sac à main, une toxine qui brûle et peut provoquer des empoisonnements.
Et soutenons sans réserve la grenouille rieuse, dont les interminables partouzes printanières s’accompagnent d’esclaffades propres à rendre jaloux pas mal de comiques appointés qui à contrario cherche plus souvent leur talent dans leur slip, persuadés que là seul se trouve leur esprit. Il est vrai que pour beaucoup c’est effectivement le cas.
Alimentation : les grenouilles se nourrissent principalement d’insectes. Pas toutes mais si je commence à faire le détail, l’ensemble des rayons d’un supermarché n’y suffira pas. En matière d’insectes les grenouilles mangent notamment des moustiques et des libellules. Mais les libellules mangent aussi des moustiques. Or les libellules sont jolies et les moustiques sont moches. Serait-il possible de trouver un accord pour que les grenouilles et les libellules se partagent les moustiques qui sont moches et que les aimables grenouilles cessent de dévorer les gentilles libellules ?
Prévention routière : les batraciens sont aussi stupides que les hérissons. Au lieu de traverser la route lorsqu’il n’y a pas de voiture ils attendent au contraire de voir les phares surgir à toute vitesse pour se précipiter sur l’asphalte. Et floc ! Voire floc ! floc ! floc ! …
A l’intention de nos amis Britanniques, dont nous avons évoqué plus haut les errements philo-monarchistes et leur aléas buco-génitaux, je ne mange pas de grenouille : je trouve ça indécent. En revanche, c’est vrai, je n’ai aucun état d’âme à ce qu’on gave des oies pour mon plus grand appétit de foie gras : je ne pardonnerai jamais à ces connes Capitoliennes leurs bruyants jacassements ayant jadis prévenu les romains d’une visite surprise de nos ancêtres les gaulois. Na !

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