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Orietta Lozano | Eloísa

Publié le 16 avril 2011 par Angèle Paoli
«  Poésie d’un jour

Le cr-pitement doux et cruel des poissons
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Ph., G.AdC

ELOÍSA

Yo Eloísa,
concubina triste,
he perdido el fuego,
y en las aguas tristes, detrás de la memoria,
recordé una ofrenda:
El crepitar cruel y dulce
del sacrificio de los peces,
el letargo iluminado más allá de los espejos,
la muerte sólo una,
en el abismo insumiso del sueño y la lujuria.
Yo sombría y escondida
Eloísa enferma y pálida,
yo afligida y débil
he deseado la lluvia del ocaso,
la sigilosa vigilia de la piedra
la comunión con el aceite del silencio
la celebración de la ruptura y la caída.
Yo Eloísa herido ángel,
consumida,
yo, dormida como un niño dispuesto al holocausto
he percibido la incesante queja,
el movimiento turbado de la huída
y el temblor del desatino.
Yo, Eloísa oscura y triste
vago entre la niebla pagana del encuentro
y el grave peligro que destruyó mi aliento.
Señor de las aguas y los tiempos
reo de muerte escucho entre mi boca;
Señor de los vinos y la carne,
yo idolatro, pero me resisto a la expiación.

HÉLOÏSE

Moi Héloïse
concubine triste
j’ai perdu la flamme,
et dans les eaux tristes, derrière la mémoire,
je me suis souvenue d’une offrande :
Le crépitement doux et cruel
du sacrifice des poissons,
la léthargie illuminée au-delà des miroirs,
la mort une et seule,
dans l’abîme insoumis du sommeil et de la luxure.
Moi sombre et cachée
Héloïse souffrante et pale,
moi faible et affligée
j’ai désiré la pluie du couchant,
la discrète vigile de la pierre
la communion avec l’huile du silence,
la célébration de la rupture et de la chute.
Moi Héloïse ange blessé,
consumée,
moi, endormie comme un enfant prêt à l’holocauste
j’ai perçu la plainte incessante,
le mouvement troublé de la fuite
et le frisson de la sottise.
Moi Héloïse triste et obscure
j’erre entre la brume païenne de la rencontre
et le grave danger qui défait mon courage.
Seigneur des eaux et des temps
accusée de mort j’écoute entre mes dents ;
seigneur des vins et de la chair,
j’idolâtre, mais je me refuse à expier.

Orietta Lozano, in Poètes hispano-américains 1960-1995, L’Épreuve des mots, Une anthologie, Éditions Stock, 1996, pp. 388-389. Traduction de Denis Fernandez-Recatala.





ORIETTA LOZANO

Vignette Orietta Lonzano l


■ Voir aussi ▼

→ (sur Poetry International Web) plusieurs pages consacrées à Orietta Lozano (dont une bio-bibliographie et une sélection de poèmes)
→ (sur A media voz) une belle anthologie des poèmes d’Orietta Lozano



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